Jean Wyllys, un député gay qui représente les personnes LGBT au Parlement brésilien, a annoncé jeudi qu'il renonçait à son troisième mandat et quittait son pays en raison des nombreuses menaces qu'il a reçues depuis l'élection du président d'extrême droite Jair Bolsonaro. "Préserver une vie menacée est aussi une stratégie de lutte pour des jours meilleurs. Nous avons fait beaucoup pour le bien commun. Et nous ferons beaucoup plus quand viendront des temps nouveaux, peu importe que nous agissions par d'autres moyens", a écrit sur Twitter le député du Parti Socialisme et liberté (PSOL, gauche).
Selon le service de communication du Parlement, Jean Wyllys, 44 ans, n'a pas encore officialisé sa décision. Son assistante a toutefois confirmé que le député de Rio de Janeiro avait décidé de renoncer à son mandat, qui devait commencer le 1er février, et qu'il avait quitté le Brésil avec l'intention de vivre provisoirement "hors du pays", sans préciser sa destination.
Les agressions de membres de la communauté LGBT se multiplient. Dans un entretien accordé au quotidien Folha de Sao Paulo, Jean Wyllys a expliqué que ce n'était "pas l'élection de Bolsonaro en elle-même" qui l'avait poussé à renoncer à son troisième mandat consécutif, mais le "niveau de violence qui a augmenté depuis l'élection" de cet ex-capitaine d'armée, qui a bénéficié d'un large soutien de la part des églises évangéliques ultra-conservatrices. Et de citer notamment la multiplication des agressions et des meurtres de membres de la communauté LGBT.
En novembre, après la victoire de Jair Bolsonaro, la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a demandé au Brésil qu'il prenne les "mesures nécessaires pour protéger les droits, la vie et l'intégrité personnelle" de Jean Wyllys et de sa famille.
En avril 2016, pendant les débats au Parlement sur la destitution de l'ancienne présidente de gauche Dilma Rousseff, Jean Wyllys avait craché au visage de Jair Bolsonaro, à l'époque député, qui venait de faire l'éloge d'un tortionnaire notoire de l'époque de la dictature militaire (1964-1985). Le Conseil de discipline du Parlement l'avait sanctionné par un "blâme", mais avait rejeté une motion demandant sa suspension pour un mois.