Depuis trois jours, l'Espagne connaît des températures avoisinant les 40 degrés. Une canicule soudaine qui a surpris les professionnels du tourisme qui ont dû faire face aux contraintes des fortes chaleurs. Pour l'occasion, Europe 1 s'est rendue dans la région de Séville où les habitants ont déserté la ville.
37 degrés à l'ombre
Une imposante cathédrale jaune suspendue au-dessus de petites maisons aux façades blanches au milieu de champs d'olivier : le décor du village d'Olvera est idyllique, quand il ne fait pas 37 degrés à l'ombre comme ce samedi. Sur la place déserte de l'église Notre-Dame-de-l'Incarnation, Paqui Carreno, directrice de l'office du tourisme, constate que la chaleur a eu raison des touristes. "Entre mer et montagne, les gens choisissent la côte. Impossible pour nous de faire concurrence aux plages de Cadiz, surtout avec ces températures. Les gens vont chercher la fraîcheur à la plage et pas dans nos montagnes".
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Une baisse de la fréquentation à laquelle s'ajoute la problématique de l'eau. Plus d'un tiers des activités touristiques de la région sont à l'arrêt à cause de la sécheresse. "Les marais autour d'Olvera offrent beaucoup d'activités comme le canoë, le rafting ou la pêche. Mais cette année les cours d'eau sont secs. Impossible de pratiquer quoi que ce soit", déplore Paqui Carreno au micro d’Europe 1. Des conséquences climatiques dangereuses pour ce Pueblo blanco, considéré comme l'un des plus beaux de la région. À Séville, le tourisme représente plus de 30% de l'économie locale.
Une sécheresse qui touche aussi le secteur de l'hôtellerie
Au pied de la Sierra de Cadiz, à quelques kilomètres d’Olvera, au milieu des champs de blé et d'oliviers, se dresse l'Hacienda Las Alcabalas. Une imposante bâtisse du 18e siècle, aux murs blancs et rouges, transformée en chambre d'hôte. Didier et Maud Boisson, deux français installés en Andalousie, ont démarré leur activité en 2016, et pour la première fois cette année, ils sont inquiets du niveau de l'eau.
Crédit photo : Guillaume Dominguez
"Notre Hacienda possède son propre puits, nous sommes trop loin pour être reliés au réseau général. Le problème, c'est que le niveau d'eau est de plus en plus bas chaque année", s'inquiète Didier. "Pour le moment, les pluies de l'hiver nous permettent de continuer à puiser normalement mais on commence déjà à faire attention à l'eau. J'évite de remplir la piscine trop souvent, on récupère l'eau de pluie pour arroser le Patio, et je demande aux jardiniers de faire des économies". Mais selon lui, les économies ont leurs limites. "Je ne peux pas demander à mes clients de ne prendre qu'une douche par jour quand il fait 45 degrés l'été", avoue Didier.
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En contrebas de l'Hacienda, le couple possède un haras et élève une dizaine de chevaux de compétition destinée au concours. Chaque cheval consomme en moyenne une quarantaine de litres d'eau par jour. Tout comme son activité touristique, il a donc fallu trouver des solutions. "Je ne peux pas réduire leur consommation d'eau, ou ne plus les mouiller quand il fait trop chaud. Si besoin, le gouvernement nous autorise à acheter de l'eau à des propriétés voisines, mais uniquement pour nos chevaux, pour l'activité touristique c'est interdit", précise Didier au micro d’Europe 1.
Crédit photo : Guillaume Dominguez
Conscient de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, le couple a décidé d'investir dans des bassins de rétention d'eau. L'objectif est de collecter l'eau de pluie en grande quantité pour pallier le problème de sécheresse dans les années à venir.