Le Hezbollah libanais a annoncé dimanche matin avoir lancé une attaque à large échelle de drones et de roquettes contre Israël, en riposte à la mort d'un haut chef militaire tué dans une frappe israélienne sur Beyrouth le 30 juillet. Cette annonce est intervenue alors que l'armée israélienne disait mener des frappes préventives au Liban après avoir détecté des préparatifs du Hezbollah, allié du Hamas palestinien, pour déclencher "des attaques de grande envergure" contre Israël, où l'état d'urgence a été instauré.
Les informations à retenir :
- Le Hezbollah libanais a indiqué que son attaque d'ampleur contre Israël est "terminée" pour dimanche
- Le Hamas a salué les attaques du Hezbollah et y voit une "gifle" infligée à Israël
- Israël a affirmé avoir déjoué l'attaque et a annoncé dimanche qu'"une centaine" de ses avions avaient "visé et détruit des milliers de rampes de lancement de roquettes du Hezbollah"
- Air France a suspendu ses vols vers Tel Aviv et Beyrouth jusqu'à lundi
Sirènes anti-roquettes au sud de Tel-Aviv, le Hamas revendique un tir
La branche armée du Hamas, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza, a revendiqué dimanche soir le tir d'une roquette sur Tel-Aviv, l'armée israélienne affirmant que ce projectile était tombé sur une zone inhabitée.
Selon la Défense passive israélienne, les sirènes d'alerte à la roquette ont retenti vers 22H00 (19H00 GMT) à Rishon LeZion, ville au sud de Tel-Aviv. "Un projectile identifié comme provenant de la bande de Gaza est tombé sur une zone inhabitée dans la région de Rishon LeZion", a indiqué l'armée israélienne.
Les Etats-Unis ont aidé Israël à suivre les tirs du Hezbollah
Les États-Unis ont aidé l'armée israélienne à surveiller et suivre tôt dimanche les tirs du Hezbollah libanais vers Israël mais ne sont pas intervenus directement, a déclaré un haut responsable de défense américain.
"Les États-Unis ne sont pas impliqués dans les frappes préventives d'Israël hier soir. Nous avons fourni du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance pour suivre les frappes arrivant du Hezbollah libanais", a déclaré à l'AFP ce responsable sous le couvert de l'anonymat, ajoutant qu'une aide américaine pour faire face à ces attaques "n'était pas nécessaire."
Le Hezbollah a visé dimanche une base militaire près de Tel-Aviv
Le chef du mouvement islamiste libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé que son parti avait visé une base du renseignement militaire israélien près de Tel-Aviv dans le cadre de son attaque d'ampleur lancée dimanche matin contre Israël.
La "cible principale de l'opération" était "la base de Glilot, la principale base de renseignement militaire israélienne" à "110 km de la frontière", a déclaré Hassan Nasrallah lors d'une allocution télévisée.
Benjamin Netanyahu prévient qu'Israël n'a pas dit "son dernier mot"
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a prévenu dimanche qu'Israël n'avait pas dit "son dernier mot" avec ses frappes à l'aube sur le sud du Liban pour déjouer une attaque d'ampleur du mouvement chiite Hezbollah.
"Il y a trois semaines, nous avons éliminé son commandant en chef (du Hezbollah) et aujourd'hui, nous avons déjoué son plan d'attaque", a martelé M. Netanyahu au début du Conseil des ministres, selon son bureau, après l'attaque que le Hezbollah a mené en riposte à l'assassinat d'un de ses hauts chefs militaires, Fouad Chokr, tué dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth le 30 juillet.
Une attaque saluée par le Hamas
Le Hamas, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza, a salué l'attaque d'envergure que le Hezbollah libanais a dit avoir mené dimanche contre des positions israéliennes, y voyant une "réponse forte" et une "gifle" infligée au gouvernement israélien.
"Nous soulignons que cette réponse forte et ciblée, au plus profond de l'entité sioniste, est une gifle pour le gouvernement israélien", a indiqué le Hamas dans un communiqué. Israël a affirmé de son côté avoir déjoué une "bonne partie" de l'attaque du Hezbollah en menant de multiples frappes au Liban.
"Terminée et accomplie"
Le Hezbollah libanais a annoncé que son attaque d'envergure contre des objectifs militaires israéliens, à l'aide de drones et de roquettes, était "terminée" pour la journée de dimanche et avait atteint ses objectifs.
"Notre opération militaire d'aujourd'hui est terminée et accomplie", a déclaré le groupe soutenu par l'Iran dans un communiqué. Les affirmations d'Israël "concernant l'action préventive qu'il a menée [...] et l'échec de l'attaque de la résistance sont des affirmations vides de sens", a-t-il ajouté.
Le ministère libanais de la Santé a fait état d'au moins trois morts dimanche dans des frappes israéliennes dans le sud du pays, où Israël a dit avoir mené des raids contre le Hezbollah, qui a pour sa part annoncé une attaque d'envergure contre des cibles militaires israéliennes. Deux personnes ont été tuées dans "un raid de l'ennemi israélien" sur le village d'At-Tiri et une troisième dans une "attaque de drone israélien sur une voiture dans le village de Khiam", a indiqué le ministère. Le mouvement Amal, allié du Hezbollah, a annoncé la mort de l'un de ses membres dans des tirs israéliens, précisant qu'il était originaire de Khiam. Le ministère a également fait état de deux blessés, dont un Syrien, dans "une série de raids israéliens" sur le sud.
L'ONU appelle à "cesser le feu"
La coordinatrice de l'ONU au Liban et les Casques bleus qui y sont déployés ont appelé dimanche le Hezbollah libanais et Israël à "s'abstenir de toute nouvelle escalade" et à "cesser le feu".
Dans un communiqué conjoint, le bureau de la coordinatrice de l'ONU et la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) déployée à la frontière entre Israël et le Liban, notent "l'évolution inquiétante de la situation" dimanche, après que le Hezbollah pro-iranien a annoncé avoir mené une attaque d'envergure contre Israël, qui a de son côté fait état de frappes préventives dans le pays voisin.
Les Houthis du Yémen menacent de nouveau Israël
Les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, ont félicité dimanche le Hezbollah libanais pour son attaque contre Israël, menaçant à nouveau de riposter aux frappes israéliennes menées le mois dernier contre le port yéménite de Hodeida.
"Nous félicitons le Hezbollah et son secrétaire général pour la grande et courageuse attaque menée par la résistance ce matin contre l'ennemi israélien", ont-ils indiqué dans un communiqué, ajoutant qu'une réponse aux frappes israéliennes du 20 juillet sur le port, qu'ils contrôlent, de Hodeida, "est certainement à venir". La "réponse" du Hezbollah confirme que la résistance est "forte" et en mesure de "honorer ses promesses et ses menaces", ont ajouté les Houthis.
"Plus de 320" roquettes tirées
Dans un communiqué, la formation pro-iranienne a indiqué avoir "lancé une attaque aérienne à l'aide d'un grand nombre de drones" sur le territoire israélien. Elle a dit aussi avoir tiré "plus de 320" roquettes Katioucha sur 11 bases militaires en Israël et sur le plateau du Golan occupé. Le Hezbollah a indiqué que cette "première phase" s'était "achevée avec succès", précisant qu'elle avait pour objectif de viser les "casernes et positions israéliennes afin de faciliter le passage des drones d'attaques" vers le territoire israélien "en profondeur".
Dans l'immédiat, les autorités israéliennes n'ont pas fait état de positions militaires touchées. La puissante formation a en outre averti qu'Israël serait "sévèrement puni" s'il portait atteinte aux civils au Liban. L'agence nationale d'information (ANI, officielle) a fait état de raids israéliens sur un grand nombre de localités dans le sud du Liban, certaines relativement éloignées de la frontière des deux pays, sans faire état de victime. L'aéroport de Beyrouth fonctionnait normalement dimanche matin.
L'armée israélienne a annoncé dimanche qu'"une centaine" de ses avions avaient "visé et détruit des milliers de rampes de lancement de roquettes du Hezbollah" au cours de raids pour déjouer une attaque à large échelle du mouvement libanais.
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Air France suspend ses vols
La compagnie aérienne française Air France a annoncé dimanche à l'AFP que ses dessertes vers Tel Aviv et Beyrouth étaient suspendues "jusqu'au lundi 26 août a minima", après l'aggravation des tensions entre Israël et le Liban.
Compte tenu de la situation, "les vols d'aujourd'hui et demain sont annulés", a indiqué un représentant de la compagnie, ajoutant que cela pourrait éventuellement être prolongé. Un nouveau point sera fait lundi "pour évaluer la situation", a-t-il ajouté.
L'état d'urgence décrété en Israël
Le ministre de la Défense d'Israël a annoncé dimanche avoir étendu l'état d'urgence à l'ensemble du pays, peu après l'annonce par l'armée de frappes au Liban, où le Hezbollah dit avoir lancé une attaque à large échelle contre Israël pour venger la mort d'un de ses chefs militaires. "Je suis convaincu qu'il existe une forte probabilité qu'une attaque soit menée contre la population civile également dans les autres zones du pays sur lesquelles la déclaration de 'situation spéciale' sur le front intérieur ne s'applique pas", écrit Yoav Gallant dans un décret.
"Je déclare par la présente la 'situation spéciale' [...] dans les autres zones du pays", ajoute le texte, précisant que cela "est valable pendant 48 heures à compter de 0hH00", soit 03h00 GMT dimanche. "Décréter l'état d'urgence permet à l'armée de donner des instructions aux civils en Israël, notamment d'interdire des rassemblements ou de fermer des sites", précise son cabinet.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis dimanche de "tout faire" pour assurer la sécurité et le retour chez eux des habitants du nord d'Israël, déplacés depuis plus de dix mois, après que l'armée a affirmé avoir frappé avec force les capacités militaires du Hezbollah au Liban voisin.
Le Pentagone a assuré que les États-Unis étaient "prêts à soutenir" la défense d'Israël au moment où l'armée israélienne mène dimanche des frappes au Liban pour contrer "une attaque à large échelle" lancée par le mouvement chiite libanais Hezbollah. "Nous continuons à suivre de près la situation et nous avons été très clairs sur le fait que les Etats-Unis sont prêts à soutenir la défense d'Israël", a déclaré un porte-parole du Pentagone dans un communiqué.
L'Iran a aussi promis de riposter contre Israël
Les frappes surviennent en pleines négociations au Caire visant à tenter d'obtenir une trêve dans la guerre dans la bande de Gaza. Celle-ci a été déclenchée par une attaque sans précédent en territoire israélien le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas. Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah sont quasiment quotidiens depuis le début de la guerre à Gaza.
Depuis qu'un de ses hauts chefs militaires, Fouad Chokr, a été tué dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth le 30 juillet, la formation chiite a dit préparer sa riposte. L'Iran a également juré de répondre à l'assassinat quelques heures plus tard de l'ex-chef du Hamas à Téhéran, qu'il impute à Israël, attisant les craintes d'un embrasement régional.