Israël a mené mardi de nouvelles frappes meurtrières contre le Hezbollah au Liban, après les bombardements qui ont fait plus de 550 morts la veille et font redouter un embrasement de la région près d'un an après le début de la guerre à Gaza. "Le Liban est au bord du gouffre", a lancé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York, qui s'est ouverte au moment où l'escalade militaire s'aggrave entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien.
Les informations à retenir :
- Des frappes israéliennes de grande ampleur visant le Hezbollah ont fait 558 morts lundi au Liban.
- Le Hezbollah a revendiqué de nouveaux tirs dans la nuit de missiles Fadi 2 vers Israël.
- Des déplacés du sud ont afflué dans la capitale et à Saïda et accueillis dans des structures d'accueil.
- La crainte d'une escalade va dominer à partir de mardi la grand-messe annuelle de l'ONU, à laquelle participera pour la dernière fois le président américain Joe Biden.
- Une nouvelle frappe israélienne sur Beyrouth cause la mort de six personnes, un haut responsable du Hezbollah tué
Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU se tiendra mercredi
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence mercredi pour discuter de la situation au Liban où des bombardements israéliens ont fait plus de 500 morts lundi, a annoncé la présidence slovène du Conseil. La réunion demandée par la France aura lieu mercredi à 18h00 (22H00 GMT), en présence du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a-t-elle précisé mardi.
Israël accuse le chef de l'ONU Guterres de ne pas "empêcher les attaques du Hezbollah"
Israël a accusé mardi le chef de l'ONU de ne rien faire pour "empêcher les attaques du Hezbollah" sur son territoire après qu'Antonio Guterres a comparé la guerre d'Israël contre le Hamas à Gaza à un "cauchemar permanent" menaçant d'emporter le Liban dans le "chaos". "Le cauchemar dont vous parlez est une réalité. Cette réalité est que le Hezbollah a pris le Liban en otage et que l'ONU ne reconnaît pas leurs actes (au Hezbollah, NDLR) et ne remplit pas non plus ses obligations fondamentales: empêcher les attaques du Hezbollah et exiger la mise en oeuvre de la résolution 1701" du Conseil de sécurité ayant mis fin à la guerre entre Israël et le mouvement chiite libanais en 2006, écrit le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, dans un message sur le réseau social X.
Le Hezbollah dit avoir tiré 90 roquettes vers une base militaire dans le nord d'Israël
Le Hezbollah a dit mardi avoir visé une base militaire israélienne à proximité de Safed, dans le nord d'Israël, avec deux salves de 90 roquettes au total, alors que le Liban est frappé par d'intenses raids israéliens. "En défense du Liban et de son peuple", les combattants du Hezbollah ont visé "la base de Dado", près de Safed dans le nord d'Israël, siège du commandement nord de l'armée israélienne avec un total de 90 roquettes, a déclaré la puissante formation pro-iranienne dans deux communiqués distincts.
Nouvelle vague de frappes "massives" sur des cibles du Hezbollah au Liban
L'armée israélienne a annoncé mardi une nouvelle vague de frappes "massives" sur des cibles du mouvement islamiste Hezbollah au Liban, au lendemain de multiples bombardements qui ont fait des centaines de morts, selon le ministère libanais de la Santé. "L'armée israélienne mène actuellement des frappes massives sur des cibles terroristes du Hezbollah au Liban. Les détails suivront", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Mort d'un commandant du Hezbollah
Une source proche du Hezbollah a annoncé mardi la mort d'un de ses commandants, Ibrahim Kobeissi, dans la frappe israélienne menée sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion de la puissante formation pro-iranienne.
"La frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth a tué le commandant militaire du Hezbollah, Ibrahim Kobeissi", a affirmé la source à l'AFP sous couvert d'anonymat. "Des avions de chasse de l'armée de l'air ont éliminé mardi à Beyrouth Ibrahim Mohammed Kobeissi, le commandant du système de missiles et de roquettes de l'organisation terroriste Hezbollah", avait indiqué plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.
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L'armée israélienne avait affirmé plus tôt avoir "éliminé" un haut responsable du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans la frappe à Beyrouth qu'elle avait annoncée un peu plus tôt dans la journée. "Des avions de chasse de l'armée de l'air ont éliminé mardi à Beyrouth Ibrahim Mohammed Kobeissi, le commandant du système de missiles et de roquettes de l'organisation terroriste Hezbollah", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.
La frappe israélienne sur Beyrouth fait six morts
Six personnes ont été tuées et 15 blessées dans un raid israélien mardi sur la banlieue sud de Beyrouth, selon le ministère libanais de la Santé, la deuxième frappe sur le bastion du mouvement pro-iranien en deux jours. Dans un communiqué, le ministère a précisé que le bilan "préliminaire" était de "six morts et 15 blessés". Un précédent bilan du Comité islamique de la santé, affilié au Hezbollah, faisait état de trois morts.
Fermeture des écoles et universités jusqu'à la fin de la semaine
Mardi, une nouvelle frappe a touché la banlieue sud de Beyrouth, un des bastions du Hezbollah, détruisant deux étages d'un immeuble situé dans une zone densément peuplée, selon un photographe de l'AFP. Six personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire des autorités libanaises. L'armée a annoncé avoir frappé Beyrouth ainsi que "des dizaines de cibles du Hezbollah" dans le sud du Liban, et visé des infrastructures et des armements du mouvement islamiste.
Le Hezbollah a revendiqué des tirs de missiles Fadi 2 vers Israël et annoncé avoir visé des sites militaires proches d'Haïfa, le grand port du nord, dont une "usine d'explosifs" à environ 60 kilomètres de la frontière libanaise, ainsi que la ville de Kiryat Shmona. Le Liban a prolongé mardi la fermeture des crèches, des écoles et des universités jusqu'à la fin de la semaine, en raison des intenses raids israéliens qui visent le sud et l'est du Liban ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.
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Dans un communiqué, le ministre de l'Education libanais, Abbas Halabi, a décrété "la prolongation de la fermeture des écoles publiques et privées", dont les lycées et les universités "jusqu'à la fin de cette semaine". Le ministre de la Santé, Firass Abiad, a pour sa part annoncé "la fermeture des crèches jusqu'à la fin de la semaine".
558 morts, dont 50 enfants dans les frappes de lundi
Les bombardements de lundi, d'une intensité sans précédent depuis le début des échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise en octobre 2023, ont visé environ 1.600 cibles du Hezbollah, selon l'armée, dans le sud du Liban et la vallée de la Békaa, dans l'est. Ces frappes ont fait 558 morts, dont 50 enfants et 94 femmes, et 1.835 blessés, selon les autorités libanaises. L'armée israélienne a parlé d'un "grand nombre" de membres du Hezbollah tués.
Des dizaines de milliers de personnes, selon l'ONU, ont fui les zones bombardées, pour chercher refuge à Saïda, la plus grande ville du sud, ou à Beyrouth. D'autres ont pris le chemin de la Syrie. Mardi, de longues files de voitures étaient bloquées sur la route menant vers la capitale. A Saïda, les gens formaient des files d'attente devant les stations-service et les boulangeries.
"C'était un jour de terreur", a raconté à l'AFP Thuraya Harb, une Libanaise de 41 ans réfugiée près de Beyrouth après un voyage de huit heures depuis Toul, son village du sud. "Je ne voulais pas partir, mais les enfants avaient peur et nous sommes partis, sans rien d'autre que les habits que nous portons", a ajouté cette femme vêtue d'une longue robe noire, les cheveux recouverts d'un voile.
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Le responsable d'un centre de santé à Saksakiyeh, près de Saïda, a décrit des scènes d'horreur. Il y avait "de nombreux morts : des enfants, des femmes, des personnes dont les membres, le nez ou la main avaient été arrachés, la tête cassée", d'autres qui étaient "éventrés", a déclaré le docteur Moussa Youssef, soulignant que "90 pour cent des blessés" arrivés au centre "étaient des enfants".
Le Hezbollah vit "sa semaine la plus difficile depuis sa création" en 1982
Israël avait annoncé ces derniers jours que le centre de gravité de la guerre se déplaçait vers le nord du pays afin de permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a estimé lundi que le Hezbollah vivait sa "semaine la plus difficile depuis sa création" en 1982.
Le Hezbollah a promis de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza", où la guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien. Depuis, les échanges de tirs n'ont pas cessé le long de la frontière nord d'Israël avec le Liban. Ces tirs ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.
"Travailler à une désescalade"
Alors que l'ONU a dit redouter "une catastrophe imminente" dans la région, le président américain Joe Biden, qui prononcera mardi son dernier discours à l'Assemblée générale, a réaffirmé "travailler à une désescalade". Les Etats-Unis sont opposés à une invasion terrestre du Liban et vont présenter des "idées concrètes" à leurs partenaires cette semaine à l'ONU pour apaiser ce conflit, a confié un haut responsable américain.
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Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, a affirmé mardi sur CNN que le Hezbollah ne pouvait "pas rester seul" face à Israël et que la communauté internationale "ne devait pas permettre que le Liban devienne un nouveau Gaza aux mains d'Israël". La France a demandé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU tandis que l'Irak a demandé une "réunion urgente" des pays arabes.
Malgré l'inquiétude générale, les deux camps comprennent les risques d'une guerre à grande échelle, estime toutefois l'analyste politique israélien Michael Horowitz. "C'est une situation extrêmement dangereuse, mais, à mon sens, elle laisse encore la place à la diplomatie pour éviter le pire," a-t-il expliqué à l'AFP.
>> A SAVOIR - La guerre dans la bande de Gaza a éclaté le 7 octobre 2023, quand le Hamas a mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive sur la bande de Gaza, qui a fait jusqu'à présent 41.467 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.