Face à cette escalade militaire qui menace d'entraîner le Proche-Orient dans la guerre, les Etats-Unis et la France, rejoints par de nombreux pays occidentaux et arabes, ont lancé un appel à un cessez-le-feu de 21 jours, rejeté jeudi par Israël qui a promis de combattre le Hezbollah "jusqu'à la victoire".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doit s'exprimer vers 13H30 devant l'Assemblée générale des Nations unies. Pour la cinquième journée consécutive, l'armée israélienne a mené vendredi des frappes contre le Hezbollah, dont les tirs de roquettes visent presque quotidiennement le nord d'Israël depuis l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Le puissant mouvement libanais a promis de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza". Les frappes israéliennes de jeudi ont fait 92 morts et 153 blessés, selon les autorités libanaises.
Les principales informations à retenir :
- Israël a mené vendredi de nouvelles frappes aériennes contre le Hezbollah au Liban, ignorant les appels de ses alliés à un cessez-le-feu. Le pays affirme également avoir bombardé le "quartier général" du Hezbollah dans la banlieue de Beyrouth
- Les frappes israéliennes de jeudi ont fait 92 morts et 153 blessés, selon les autorités libanaises
- Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doit s'exprimer vers 13H30 devant l'Assemblée générale des Nations unies
Israël appelle les habitants de plusieurs zones du sud de Beyrouth à évacuer "immédiatement"
L'armée israélienne a appelé vendredi soir les habitants de plusieurs zones de la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, à évacuer "immédiatement", quelques heures après avoir frappé le "quartier général" du mouvement islamiste libanais.
Dans un message publié sur X, le colonel Avichai Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone, publie des cartes situant plusieurs immeubles et appellant à évacuer dans un rayon de 500m autour de ces cibles potentielles.
Après son discours à l'ONU, retour anticipé de Benjamin Netanyahu
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, écourte son voyage aux Etats-Unis où il a prononcé un discours à l'ONU vendredi, a annoncé son bureau peu après une nouvelle frappe israélienne visant le mouvement islamiste armé Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.
"Le Premier ministre Netanyahu a décidé de rentrer en Israël plus tôt que prévu et quittera les Etats-Unis ce soir" vendredi, a précisé son bureau dans un communiqué, ajoutant qu'il devait initialement arriver en Israël dimanche.
Deux morts et 76 blessés à Beyrouth
Deux personnes ont été tuées vendredi et 76 blessées dans des frappes israéliennes particulièrement violentes sur la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, a annoncé le ministère de la Santé libanais. Le ministère a précisé qu'il s'agissait d'un premier bilan et que les secouristes étaient à la recherche d'éventuels survivants sous les décombres.
Six immeubles détruits dans la banlieue de Beyrouth
Selon une source proche du Hezbollah, six immeubles ont été totalement détruits dans le secteur pris pour cible dans la banlieue sud, d'où s'élevaient des colonnes de fumée, tandis que les sirènes des ambulances retentissaient dans la capitale.
"Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n'a pas d'autre choix", a affirmé M. Netanyahu, au cinquième jour de meurtrières frappes aériennes menées par son armée contre le mouvement armé libanais, qui a lui tiré à nouveau des roquettes vers le territoire israélien. Le Liban connaît sa période la plus meurtrière en "une génération", a averti vendredi l'ONU.
Une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah sera "aussi courte" que possible, a assuré vendredi un responsable israélien de la sécurité, alors que le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre. "Cela n'a pas de sens que des soldats aillent mourir là-dedans. C'est insensé", a réagi Ohad Weber, 36 ans, un habitant de Tel-Aviv, à l'issue du discours du Premier ministre.
"La guerre à nos portes"
De nouveaux bombardements ont été signalés tôt vendredi sur des villes du sud du Liban, faisant des blessés, selon l'agence officielle libanaise ANI. A Beyrouth, l'armée israélienne a fait état jeudi de "frappes précises" qui ont tué le chef de l'unité de drones du Hezbollah, Mohammed Srour. Ce décès a été confirmé par le mouvement chiite.
Selon une source proche du Hezbollah, Mohammed Srour faisait partie des hauts commandants du mouvement envoyés au Yémen pour entraîner les rebelles houthis, soutenus eux aussi par l'Iran. Les bombardements israéliens, qui ont fait plus de 700 morts depuis lundi, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90.000 personnes sur les routes au Liban, selon l'ONU.
Plus de 31.000 d'entre elles sont entrées en Syrie, selon Beyrouth. Hassan Slim est parti avec sa mère, cherchant refuge dans ce pays en miettes après des années de guerre civile. "On évitait la Syrie à cause de la guerre, mais aujourd'hui la guerre est à nos portes", a confié ce chômeur libanais de 24 ans.
Rejetant l'appel international au cessez-le-feu, Benjamin Netanyahu a assuré jeudi que l'armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah "avec toute la force nécessaire". Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé que ce combat continuerait "jusqu'à la victoire" et qu'il n'y aurait "pas de cessez-le-feu dans le nord".
Le président français Emmanuel Macron a estimé que ce serait "une faute" de la part de M. Netanyahu de refuser le cessez-le-feu proposé au Liban et qu'il prendrait la "responsabilité" d'une escalade régionale. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a rencontré jeudi Ron Dermer, le ministre israélien des Affaires stratégiques. "Il a souligné à nouveau qu'une escalade rendra plus difficile le retour chez eux des citoyens israéliens et libanais", a indiqué son porte-parole Matthew Miller.
"Guerre dévastatrice"
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a mis en garde contre une "guerre totale" qui "serait dévastatrice pour Israël et le Liban", estimant qu'un cessez-le-feu pourrait aussi permettre de conclure un accord de trêve à Gaza. Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le "centre de gravité" de ses opérations concentrées jusque là sur la bande de Gaza vers le nord du pays, pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants qui ont fui depuis près d'un an les tirs de roquettes du Hezbollah.
L'escalade militaire s'est aggravée depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.
Mercredi, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre au Liban. En près d'un an, les violences transfrontalières ont causé la mort de 1.540 personnes au Liban, ont annoncé jeudi les autorités libanaises.
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Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an. "C'est une véritable angoisse. Nous ne savons pas ce qui va se passer, si les roquettes vont se rapprocher, si elles vont atteindre Haïfa", a témoigné Fida Khoury, une habitante de cette ville du nord d'Israël âgée de 28 ans.
L'armée israélienne a par ailleurs annoncé avoir intercepté un missile tiré dans la nuit de jeudi à vendredi depuis le Yémen. Pendant ce temps, Israël poursuit son offensive dans la bande de Gaza où la guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée. En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son offensive à Gaza a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.