Commémorations des 80 ans de la libération d'Auschwitz : revivez la cérémonie en Pologne, marquée par les témoignages des rescapés
80 ans après, le monde commémore ce lundi la libération d'Auschwitz-Birkenau où des cérémonies sur le site de cet ancien camp nazi allemand réunissent une cinquantaine de rescapés.
À l'occasion des 80 ans de la libération du camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau, une cérémonie se tient en ce lieu devenu le symbole du génocide perpétré par l'Allemagne nazie sur 6 millions de Juifs européens. Le roi Charles III et le président français Emmanuel Macron, ainsi que le chancelier et le président allemands, Olaf Scholz et Frank-Walter Steinmeier prennent également part à la cérémonie qui se déroule sous la porte d'entrée de Birkenau à 16h locales (15h GMT) et qui doit réunir 54 délégations internationales.
Accompagné de représentants de l’Union des déportés d’Auschwitz, le Premier ministre François Bayrou a également ravivé la flamme du soldat inconnu en fin de journée, au pied de l’Arc-de-Triomphe.
- La cérémonie débutée à 16h est centrée sur le "message" des survivants, selon les organisateurs
- Une cinquantaine de rescapés et des dizaines de dirigeants, dont Emmanuel Macron, sont présents
- Des commémorations ont également lieu au Mémorial de la Shoah, à Paris
- Le Premier ministre François Bayrou est attendu en fin de journée au pied de l’Arc-de-Triomphe
Les chefs d'États et les délégations rendent hommage aux victimes
Après les discours, des rabbins et des représentants d'autres religions ont récité la prière du kaddish, la prière juive aux morts. Les survivants, les chefs d'États et les délégations ont ensuite rendu hommage aux victimes en déposant des bougies devant le wagon symbole de l'événement, qui a servi à déporter des juifs il y a plus de 80 ans.
Une cinquantaine de pays sont représentés lors de ces commémorations de l’ouverture du camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau par l’Armée rouge, à Oswiecim, en Pologne. Trois dirigeants sont absents : Vladimir Poutine, Donald Trump et Benjamin Netanyahu.
"Sans mémoire, vous n’avez pas d’histoire", assure le le directeur du Musée-mémorial d’Auschwitz-Birkenau
"La mémoire fait mal, la mémoire aide, la mémoire guide, la mémoire alerte, la mémoire permet la prise de conscience, la mémoire nous oblige", a déclaré le directeur du Musée-mémorial d’Auschwitz-Birkenau, témoignant sa gratitude aux survivants, gardiens de cette mémoire. Sans elle, "vous n’avez pas d’histoire, pas d’expérience, pas de point de comparaison".
"Il faut ne jamais être indifférent devant l'antisémitisme", déclare le président du congrès juif mondial
Ronald S. Lauder, donateur du musée du camp d'Auschwitz, a repris les mots d'un survivant, prononcés il y a 10 ans lors du 70ème anniversaire du camp : "Nous ne voulons pas que notre passé devienne le futur de nos enfants". "Ces paroles restent pertinentes aujourd'hui", met-il en garde, déplorant les "manifestations massives", et les "paroles haineuses" contre les juifs. "On ne peut pas ne pas être préoccupé — en tant que juif, mais aussi non juif — par ce qu'il se passe aujourd'hui".
Le contraire de l'amour, "c'est l'indifférence", souligne-t-il. Alors que ce qui a conduit à la Shoah "était un processus progressif", il faut "ne jamais être indifférent devant l'antisémitisme ou toutes autres formes de haine".
La prise de parole des survivants
"J'invite la nouvelle génération à rester vigilants face aux expressions d'intolérance envers ceux qui sont différents", déclare Leon Weintraub, qui souligne, par ailleurs, les limites du "monde numérique". "Notre planète n'est qu'un grain de poussière dans le cosmos. Il est donc absurde de diviser les habitants de ce grain de poussière", déplore-t-il. Il termine son discours en invoquant une minute de silence en mémoire des victimes du nationalisme allemand.
"Nous sommes arrivés un sombre dimanche" se souvient Tova Friedman, déportée à l'âge de 5 ans. Cette survivante témoigne de l'horreur, encore "hantée" à ce jour par les cris. Malgré son jeune âge, elle raconte son courage. "Je n'allais pas leur montrer la souffrance qu'ils m'infligeaient". Aujourd'hui, elle souhaite rappeler que "la haine conduit à plus de destruction".
Lors de sa prise de parole, Janina Iwanska a rappelé que "5 ou 10% seulement" des prisonniers ont été libérés, tandis que "des centaines de milliers de prisonniers ont été forcés d'entamer la marche de la mort pour les envoyer vers d'autres camps qui ont été libérés plus tard". "Nous commémorons aujourd'hui le moment où le camp a arrêté de fonctionner, à ce moment-là il ne restait plus beaucoup de prisonniers", a ainsi souligné cette autre survivante d'Auschwitz.
"Tous les discours de haine ont abouti à des conflits armés", déclare Marian Turski, rescapé de la Shoah
L'historien et journaliste polonais survivant de la Shoah, âgé de 93 ans, s'est exprimé en premier devant un large parterre de dirigeants du monde entier. "Depuis des siècles, nous avons appris à coexister, à construire nos foyers les uns parmi les autres", a-t-il rappelé. "Toute la haine, tous les discours de haine ont abouti à des conflits armés entre des peuples, des groupes ethniques voisins".
La cérémonie "se concentrera sur les survivants et leurs message"
Selon les organisateurs, la cérémonie "se concentrera sur les survivants et leurs message", et quatre d'entre eux - Marian Turski, Tova Friedman, Leon Weintraub et Janina Iwanska - prendront la parole lors de la cérémonie principale.
Malgré la présence importante des délégations internationales à Auschwitz, "il n'y aura pas de discours d'hommes politiques", a souligné à l'AFP le porte-parole du musée de l'ex camp nazi Pawel Sawicki, selon qui, il pourrait s'agir du dernier grand anniversaire réunissant un groupe important de survivants.
Un hommage devant le Mur de la mort
Ce lundi matin, d'anciens détenus, accompagné par le président polonais Andrzej Duda, ont déposé des fleurs devant le Mur de la mort de ce camp, où étaient fusillés les détenus. Certains portaient des écharpes à rayures bleues et blanches symbolisant leurs anciens uniformes de prisonniers. Au pied du mur, ils ont allumé des bougies à la mémoire des morts, puis touché le mur avec une main, en silence.