Syrie : Scholz et Macron sont prêts, sous conditions, à «coopérer avec les nouveaux dirigeants»
La prise de Damas par les rebelles signe la fin d'une ère marquée par la répression politique, entamée en 1970 par l'accession au pouvoir de Hafez al-Assad. Si les Syriens célèbrent la fin de la dictature, les doutes sur l'avenir du pays subsistent. En parallèle, des pays européens ont suspendu le traitement des dossiers d'asile.
Le président renversé Assad a fui Damas vers Moscou dimanche, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes, un tournant de l'histoire qui a mis fin à un demi-siècle de règne sans partage de son clan familial.
Les informations à retenir :
- Dans le centre de Damas, des Syriens en liesse pour célébrer la chute de Bachar al-Assad
- La Chine a appelé à trouver "une solution politique" en Syrie
- Des civils sous administration kurde tués dans une frappe de drone turc
- Le Kremlin refuse de confirmer la présence d'Assad en Russie
- La France réfléchit à suspendre l'examen des dossiers d'asile provenant de Syrie
Scholz et Macron sont prêts, sous conditions, à "coopérer avec les nouveaux dirigeants"
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron se sont entretenus lundi de la situation en Syrie après la chute du président Bachar al-Assad et se disent "prêts à coopérer avec les nouveaux dirigeants" sous conditions, a indiqué la chancellerie allemande.
"Tous deux se sont accordés à dire qu'ils étaient prêts à coopérer avec les nouveaux dirigeants, sur la base des droits de l'homme fondamentaux et de la protection des minorités ethniques et religieuses", selon le communiqué de Berlin.
Le parlement syrien affirme "respecter la volonté du peuple"
Le parlement syrien a déclaré lundi qu'il respectait la volonté du peuple de construire "une nouvelle Syrie", saluant "une journée historique" au lendemain de la prise de la capitale par les rebelles et de la fuite de l'ex-président Bachar al-Assad.
"Le 8 décembre a été une journée historique dans la vie de tous les Syriens. Nous soutenons la volonté du peuple de bâtir une nouvelle Syrie tournée vers un avenir meilleur, gouvernée par la loi et la justice", a indiqué le parlement dans un communiqué relayé par l'agence de presse officielle Sana, dont le logo sur Telegram arbore désormais les trois étoiles du drapeau rebelle.
Des milliers de proches de détenus massés devant la prison de Saydnaya
Des milliers de personnes sont massées lundi soir devant la sinistre prison de Saydnaya, à une trentaine de kilomètres de Damas, dans l'attente de nouvelles de leurs proches détenus ou disparus.
La file de voitures s'allonge sur plus de sept kilomètres, et des familles ont allumé en soirée des feux de camp devant la prison, ont constaté des journalistes de l'AFP. "J'attends dans l'espoir que l'un de mes proches soit retrouvé", dit Youssef Matar, 25 ans, qui se trouve sur place depuis dimanche
La France réfléchit à suspendre l'examen des dossiers d'asile provenant de Syrie
D'après les informations d'Europe 1, le ministère de l'Intérieur envisage une suspension de l'examen des "dossiers d'asile en cours provenant de Syrie", comme l'ont décidé plusieurs pays européens ce lundi. Le gouvernement souhaite mettre "un frein sur l'avalanche d'appels sur les demandes d'asile de Syriens", après la chute du régime de Bachar al-Assad. Une décision devrait être officialisée dans les prochaines heures.
Le Hamas palestinien "félicite" les Syriens
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a "félicité" lundi les Syriens après la chute la veille du président Bachar al-Assad et appelé à l'unité. "Le Hamas félicite le peuple syrien frère pour son succès dans la réalisation de ses aspirations à la liberté et à la justice, et appelle toutes les composantes du peuple syrien à unir leurs rangs", indique-t-il dans un communiqué.
Des secouristes fouillent les geôles du pouvoir déchu d'al-Assad
Des secouristes syriens mènent lundi d'intenses fouilles à la recherche de détenus piégés dans des cachots souterrains de la prison de Saydnaya, symbole des pires exactions de Bachar al-Assad, dont des habitants de Damas célèbrent la chute sous la poussée d'une fulgurante offensive rebelle.
Au lendemain de ce tournant historique pour la Syrie, qui met fin à un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad, le groupe de secours des Casques blancs a dépêché des équipes d'urgence dans le sinistre établissement, à une trentaine de km de Damas, invoquant l'existence de "cellules souterraines cachées, qui contiendraient des détenus".
Il a précisé avoir déployé à Saydnaya, dont nombre de détenus ont déjà été libérés la veille, "des unités de recherche et de sauvetage, des spécialistes de l'abattage des murs, des équipes chargées d'ouvrir les portes en fer, des unités canines entraînées et des intervenants médicaux".
La Russie refuse de confirmer la présence sur son sol d'Assad
La présidence russe a refusé lundi de confirmer la présence de Bachar al-Assad en Russie, après que les agences de presse russes, citant une source au Kremlin, eurent indiqué que le dirigeant syrien y avait trouvé refuge avec sa famille.
"Je n'ai rien à vous dire sur les allées et venues du président Assad", a assuré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant qu'"il n'y a pas de réunion (prévue entre MM. Poutine et Assad) dans l'agenda officiel du président" russe. "Le monde entier a été surpris par ce qui s'est passé. Nous ne faisons pas exception", a-t-il ajouté.
Des civils sous administration kurde tués dans une frappe de drone turc
Onze civils, tous membres d'une même famille, dont six enfants, ont été tués dans une frappe de drone turc visant une maison dans un village du nord de la Syrie en zone sous administration kurde, a indiqué lundi une ONG.
"Onze civils, dont six enfants, tous membres d'une même famille, ont été tués dans une frappe de drone turc près de Ain Issa, au nord de Raqa, dans les zones contrôlées par l'administration autonome kurde", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), alors que des combattants kurdes syriens tentent de repousser des attaques de groupes armés soutenus par Ankara.
La Chine appelle à une "solution politique"
La Chine a appelé lundi à trouver "une solution politique" en Syrie, après la chute du président Bachar al-Assad, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes.
"Nous souhaitons que toutes les parties concernées agissent dans l'intérêt fondamental du peuple syrien, afin de trouver rapidement une solution politique permettant de rétablir la stabilité en Syrie", a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse régulière.
"On a l'impression de vivre un rêve"
Des Syriens en liesse affluent lundi matin vers la place des Omeyyades, pour célébrer la chute de Bachar al-Assad dans le centre de Damas, après la levée du couvre-feu nocturne imposé par les rebelles, ont indiqué des journalistes de l'AFP. Un grand nombre de combattants rebelles se son rassemblés sur la place des Omeyyades, rejoints en début de matinée par des Syriens venus célébrer à bord de leur véhicule la chute d'Assad, a indiqué un journaliste de l'AFP.
"C'est indescriptible, on ne pensait pas que ce cauchemar allait se terminer, on renaît", s'enthousiasme Rim Ramadan, 49 ans, employée du ministère des Finances, depuis la place. "Cela faisait 55 ans qu'on avait peur de parler, même à la maison, on se disait que les murs avaient des oreilles. On a l'impression de vivre un rêve", déclare-t-elle à l'AFP, sur fond de tirs de joie nourris et de klaxons.
Depuis la place, on pouvait voir de la fumée qui se dégageait du quartier voisin abritant des bâtiments de services de sécurité, incendiés la veille, selon le journaliste. Plus tôt, la ville était quasi déserte au début de la levée du couvre-feu, imposé jusqu'à 05H00 (02H00 GMT), selon un autre journaliste de l'AFP.
Le 27 novembre, une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) de Abou Mohammad al-Jolani a lancé une offensive à partir de son fief à Idleb (nord-ouest).
En dix jours, devant l'effondrement des forces gouvernementales, les rebelles ont conquis de vastes territoires et les grandes villes d'Alep (nord), Hama (centre), Deraa (sud) et Homs, avant d'entrer dans la capitale.
Il s'agit de l'offensive la plus spectaculaire depuis le début de la guerre civile, déclenchée en 2011 après la répression sanglante de manifestations pro-démocratie et qui a fait plus de 500.000 morts.