A Jobar, dans la banlieue de Damas, en Syrie, on fait la guerre en chuchotant. Dans le silence des ruines, entrecoupé de tirs sporadiques, le colonel Ali inspecte la ligne de front : des barils et des sacs de sable, au milieu de ce qui fut autrefois un salon familial. "On doit parler tout bas", avertit-il. "Il n'y a qu'entre six et huit mètres entre cet emplacement et les rebelles." Ici, les ennemis sont tellement proches qu'ils se parlent parfois, s'incitent à déserter.
Une guerre souterraine. Le conflit est figé en surface, alors, pour gagner du terrain, il faut descendre dans les tunnels creusés par les soldats syriens, dix mètres sous terre. Plus on s'enfonce, plus on respire difficilement. En nage, le colonel finit par s'arrêter tout au bout d'une galerie. Là encore, il faut parler tout bas. "Là, c'est possible que les rebelles soient juste au-dessus de nous, on est derrière leurs lignes. Mais eux aussi, ils peuvent être en train de creuser dans l'autre sens. Ils font comme nous : on fait ces tunnels pour remonter et attaquer", explique le colonel Ali.
Caméras et capteurs sonores. Les soldats disposent de caméras et de capteurs sonores afin de détecter les tunnels de l'ennemi et de les faire exploser. Une guerre d'usure, à deux kilomètres du centre de Damas, ses souks, ses embouteillages, et son semblant de normalité.
Réunion de dix-sept pays à l'ONU. Dix-sept pays, dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite et l'Iran, ainsi que trois organisations multilatérales, à savoir l'ONU, l'Union Européenne et la Ligue arabe, se réunissent vendredi pour la troisième fois depuis fin octobre au sein du Groupe international de soutien à la Syrie. Le 14 novembre, la réunion de Vienne avait abouti à l'élaboration d'une feuille de route pour la Syrie. Ce document prévoit une rencontre d'ici au 1er janvier entre représentants de l'opposition syrienne et du régime, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici 18 mois.
Quel sort pour Bachar al-Assad ? Le sort réservé au président Bachar al-Assad reste l'un des points de blocage à une résolution du conflit. Selon Laurent Fabius, "une Syrie unie implique une transition politique. Cela ne veut pas dire que Bachar al-Assad doit partir avant même la transition, mais il faut des assurances pour le futur", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères. Lancé il y a quatre ans et neuf mois, le conflit syrien a déjà fait plus de 250.000 morts.