Feux en Amazonie : les experts pointent du doigt Jair Bolsonaro, "capitaine tronçonneuse"

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Pauline Jacot, édité par Margaux Lannuzel
Les spécialistes attribuent une grande partie de l'inquiétante augmentation des incendies dans la forêt brésilienne à la stratégie du pouvoir en place, consistant à brûler la forêt pour l'exploiter de manière agricole. 
ON DÉCRYPTE

Les nuages de fumée sont arrivés jusqu'à São Paulo, située pourtant à des milliers de kilomètres au sud de l'Amazonie. Plus de 70.000 départs de feu ont eu lieu depuis janvier dans le poumon vert de la planète, le double de l'an dernier. En juillet, selon l'Institut national brésilien de recherche spatiale, leur nombre a même augmenté de 83% par rapport à 2018. Et tandis que la forêt brûle, les experts pointent du doigt la déforestation menée par le président élu en octobre dernier, Jair Bolsonaro

Du soja et de l'or pour stimuler l'économie

Selon les spécialistes, ces incendies sont notamment provoqués par la stratégie consistant à brûler la forêt pour la transformer en terres d'élevage, ou en zone cultivable, et donc en terreau fertile pour l'économie. "Aujourd'hui, le gouvernement de Jair Bolsonaro souhaite favoriser l'exploitation du soja et l'exploitation agricole de manière plus générale", souligne auprès d'Europe 1 le politologue spécialiste de l'Amérique Latine, Gaspard Estrada. 

L'expert cite également le minerai et en particulier "l'or, qui se trouve dans le nord, dans l'État de Roraima, à la frontière avec la Guyane française". Pour Gaspard Estrada, la politique mise en place ne fait aucun doute : "c'est l'État brésilien qui encourage à ce que cette déforestation ait lieu, et c'est ce qui inquiète le monde entier." 

Bolsonaro surnommé "capitaine tronçonneuse"

Le politologue voit dans la diversion du président Bolsonaro, qui a dit ses "forts soupçons" de l'implication des ONG dans des "incendies criminels" visant à le renverser, un signe de sa négligence totale de la question écologique dans son pays. Même les milieux conservateurs, proches des lobbys agricoles, s'en sont inquiétés dans un manifeste publié il y a quelques jours au Brésil, dénonçant la stratégie de leur président, désormais surnommé "capitaine tronçonneuse".