Après plus de cinq mois de guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi sa première résolution exigeant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza, un appel bloqué plusieurs fois par les États-Unis qui se sont cette fois abstenus. La résolution, adoptée par 14 voix pour, et une abstention, "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan" - qui a déjà commencé il y a deux semaines -, devant "mener à un cessez-le-feu durable" et "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".
"Depuis cinq mois, le peuple palestinien souffre terriblement. Ce bain de sang a continué trop longtemps. C'est notre obligation d'y mettre un terme. Enfin, le Conseil de sécurité prend ses responsabilités", s'est félicité l'ambassadeur algérien Amar Bendjama, même si les résolutions du Conseil, contraignantes, sont régulièrement ignorées par les États concernés.
Les principales informations :
- Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution de "cessez-le-feu immédiat" à Gaza
- Les États-Unis se sont abstenus lors de ce vote
- La France demande un "cessez-le-feu permanent" après le ramadan
- Israël estime que l'abstention américaine à l'ONU "nuit aux efforts de guerre et pour libérer les otages"
Israël furieux après l'abstention américaine à l'ONU
Israël a dénoncé lundi l'abstention de son allié américain ayant permis l'adoption, pour la première fois, d'une résolution des Nations unies exigeant un "cessez-le-feu" immédiat dans la bande de Gaza menacée par la famine, après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas palestinien. Immédiatement après l'adoption de la résolution, Israël a annulé la visite d'une délégation qui était attendue à Washington, déclarant que l'abstention américaine "nuisait" à la fois à son effort de guerre et à ses efforts pour libérer les otages retenus à Gaza.
L'Autorité palestinienne salue l'appel de l'ONU à un cessez-le-feu à Gaza
L'Autorité palestinienne a salué lundi la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza, territoire dévasté après cinq mois et demi de guerre entre Israël et le Hamas. "Nous saluons la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza", a déclaré le ministre palestinien des Affaires civiles, Hussein al-Cheikh, sur le réseau social X. "Nous demandons l'arrêt définitif de cette guerre criminelle et le retrait immédiat d'Israël de la bande de Gaza", a-t-il ajouté.
Washington va mettre en garde Israël contre une "erreur" à Rafah, après l'annulation d'une visite israélienne
Les Etats-Unis ont affirmé lundi qu'ils trouveront les moyens de mettre en garde Israël contre une offensive à Rafah, après que la venue d'une délégation israélienne à Washington a été annulée pour protester contre une résolution de l'ONU exigeant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza. "Nous pensons que ce type d'invasion à grande échelle serait une erreur", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller, soulignant que le secrétaire d'Etat Antony Blinken discuterait de Rafah avec le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant à Washington.
Une rapporteuse de l'ONU accuse Israël de commettre plusieurs "actes de génocide" à Gaza
La Rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens affirme qu'il "existe des motifs raisonnables" de croire qu'Israël a commis plusieurs "actes de génocide", dans un rapport publié lundi, évoquant aussi un "nettoyage ethnique". "La nature et l'ampleur écrasante de l'assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu'il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe", indique Francesca Albanese, dans son rapport qu'elle doit présenter mardi au Conseil des droits de l'Homme à Genève.
Israël n'arrêtera la guerre à Gaza qu'une fois les otages libérés, affirme son ministre de la Défense
Israël ne mettra pas fin à sa guerre à Gaza tant que le Hamas n'aura pas libéré les otages, a déclaré lundi à Washington son ministre de la Défense. "Nous n'avons pas le droit moral d'arrêter la guerre tant qu'il y a des otages à Gaza", a déclaré Yoav Gallant avant une rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, et le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.
Le vote du Conseil de sécurité "doit être un tournant", plaide l'ambassadeur palestinien
La résolution adoptée lundi par le Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza "doit être un tournant" pour mettre un terme à l'"agonie" des habitants de la bande de Gaza, a plaidé l'ambassadeur palestinien à l'ONU. "Nous saluons votre unité pour demander un cessez-le-feu immédiat (...) Cela doit être un tournant. Cela doit permettre de sauver des vies sur le terrain. Cela doit être le signal de la fin de cet assaut d'atrocités contre notre peuple", a déclaré Riyad Mansour.
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Le Hamas "salue l'appel du Conseil de sécurité des Nations unies à un cessez-le-feu immédiat"
Le Hamas a salué lundi la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU exigeant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza, et exprimé sa "volonté d'engager un processus d'échange" prisonniers/otages "immédiatement". "Le Hamas salue l'appel du Conseil de sécurité des Nations unies à un cessez-le-feu immédiat", a réagi le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué, assurant de sa volonté "d'atteindre un cessez-le-feu permanent conduisant au retrait de toutes les forces" israéliennes du territoire.
L'abstention des États-Unis "nuit aux efforts de guerre et pour libérer les otages", selon Israël
Le gouvernement israélien a estimé lundi que l'abstention américaine à la résolution de l'ONU en faveur d'un cessez-le-feu "nuit" à ses efforts de guerre et à la libération des otages à Gaza, le Premier ministre israélien décidant dans la foulée de ne pas envoyer la délégation israélienne attendue à Washington.
"Ce retrait nuit à la fois aux efforts de guerre et aux efforts visant à libérer les otages, parce qu'il donne l'espoir au Hamas que la pression internationale leur permettra d'obtenir un cessez-le-feu sans libération de nos otages", écrit dans un communiqué le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Les États-Unis se disent "très déçus" de l'annulation d'une visite israélienne de haut rang, annoncée par Benjamin Netanyahu.
Un cessez-le-feu peut commencer "immédiatement" dès la libération d'un premier otage, dit l'ambassadrice américaine
L'ambassadrice américaine à l'ONU a estimé lundi qu'un cessez-le-feu à Gaza pourrait commencer seulement "avec la libération d'un premier otage", après l'adoption de la première résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu immédiat.
"Cette résolution reconnait que lors du mois du ramadan, nous devons nous engager pour la paix. Le Hamas peut le faire en acceptant l'accord sur la table. Un cessez-le-feu peut commencer immédiatement après la libération d'un premier otage (...) C'est le seul moyen d'assurer un cessez-le-feu et la libération des otages", a déclaré Linda Thomas-Greenfield.
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Toutefois, assure la Maison-Blanche, l'abstention lundi des Etats-Unis "ne représente pas un changement de cap". Son porte-parole John Kirby a ajouté que Washington, qui jusque là avait bloqué plusieurs projets de résolution de ce type, n'avait pas pour autant voté en faveur du texte car il y manquait des éléments "essentiels" comme une condamnation du Hamas.
La France demande un "cessez-le-feu permanent" après le ramadan
Le cessez-le-feu immédiat pour le ramadan réclamé lundi par le Conseil de sécurité de l'ONU devra être suivi par un "cessez-le-feu permanent", a plaidé l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, félicitant le Conseil d'être sorti de son silence "assourdissant".
Le Conseil "va devoir après le ramadan qui se termine dans deux semaines établir un cessez-le-feu permanent, il lui faudra œuvrer au relèvement et à la stabilisation de Gaza, enfin et surtout le Conseil aura à remettre un processus politique sur les rails visant à l'établissement de la solution des deux Etats, la seule à même de garantir la paix", a-t-il ajouté, précisant que la France prépare une résolution du Conseil à cet égard.
Le travail des membres non-permanents
Contrairement au texte américain rejeté vendredi par des vetos russe et chinois, il ne lie pas ces demandes aux efforts diplomatiques du Qatar, des États-Unis et de l'Égypte, même s'il "reconnait" l'existence de ces pourparlers visant à une trêve accompagnée d'un échange d'otages et de prisonniers palestiniens. Vendredi, la Russie et la Chine avaient mis leur veto à un projet de résolution américaine soulignant la "nécessité" d'un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza en lien avec les négociations pour la libération des otages capturés lors de l'attaque sanglante et sans précédent des terroristes du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
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Certains observateurs y avaient vu une évolution substantielle de la position de Washington, sous pression pour limiter son soutien à Israël alors que l'offensive israélienne a fait plus de 32.000 morts à Gaza, selon le Hamas. Les États-Unis s'étaient en effet jusqu'alors systématiquement opposés au terme "cessez-le-feu" dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.
Mais le texte américain rejeté n'appelait pas explicitement à un cessez-le-feu immédiat, utilisant une formulation estimée ambiguë par les pays arabes, la Chine et la Russie, laquelle a dénoncé le "spectacle hypocrite" des États-Unis. La résolution adoptée lundi est issue du travail des membres non-permanents du Conseil, qui ont négocié tout le week-end avec les États-Unis pour tenter d'éviter un nouvel échec, selon des sources diplomatiques.
Un Conseil très divisé
La résolution réclame d'autre part la "levée de tous les obstacles" à l'aide humanitaire. Le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien depuis des années, n'avait pu jusqu'alors adopter depuis le 7 octobre sur cette question que deux résolutions (sur huit soumises au vote), essentiellement humanitaires. Sans grand résultat : après cinq mois et demi de guerre, l'entrée de l'aide à Gaza, assiégée, reste largement insuffisante et la famine plane.
La nouvelle résolution condamne d'autre part "tous les actes terroristes", mais sans mentionner les attaques du Hamas du 7 octobre qui ont entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Aucune résolution adoptée par le Conseil ou l'Assemblée générale de l'ONU depuis le 7 octobre n'a condamné spécifiquement le Hamas, une absence systématiquement fustigée par Israël.