Le Premier ministre britannique David Cameron a fait assaut d'humour pour sa dernière séance de questions au Parlement mercredi, mettant en boite le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn mais aussi son propre "show".
Un emploi du temps "très léger". David Cameron a donné le ton dès l'ouverture de la session, en notant qu'à part une rencontre avec la reine dans l'après-midi, à laquelle il remettra sa démission, son emploi du temps était "très léger". Il a comparé le chef du Labour, qui s'accroche à son poste en dépit d'une vive contestation interne, à un personnage des films des humoristes britanniques du Monty Python : "J'admire sa ténacité. Il me rappelle le chevalier noir des Monty Python et le Saint Graal", a-t-il raillé. Jeremy Corbyn n'a pas été en reste: "Passez mes remerciements à votre maman pour ses conseils en matière de costumes et de chemises", a-t-il dit au Premier ministre, alors qu'il est réputé pour sa garde robe approximative. "Il est magnifique aujourd'hui", s'est exclamé David Cameron en commentant la tenue de Jeremy Corbyn.
"J'aime sincèrement Larry" le chat. Le Premier ministre sortant a également tenu à faire une mise au point : "Les rumeurs sont fausses. J'aime sincèrement Larry", le chat du 10, Downing street. "Il y a des photos qui le prouvent", a-t-il ajouté, en montrant un cliché où l'on peut voir Larry dans ses bras. Le sort de Larry, chat star, a fait l'objet de nombreux commentaires ces jours derniers dans les médias, puisqu'il reste attaché au bureau du Premier ministre tandis que David Cameron part.
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— David Cameron (@David_Cameron) 13 juillet 2016
David Cameron a enchainé sur une anecdote, racontant qu'il se promenait un jour à New York aux côtés du maire Michael Bloomberg. "Tout le monde connaissait Mike Bloomberg et venait le saluer en disant : 'maire, vous faites un super boulot !'. Personne ne savait qui j'étais jusqu'à ce qu'un passant dise 'Hé, Cameron, questions au Premier ministre - on adore votre show!'".
"J'ai été le futur". Sur un registre plus sérieux, il a évoqué la politique pour se moquer de lui-même, alors qu'il a été poussé à la démission par le résultat du référendum qui a sorti son pays de l'Union européenne, organisé à son initiative, alors qu'il plaidait pour un maintien dans l'UE. "Rien n'est impossible en politique si vous vous y mettez sérieusement. Après tout, comme je l'ai dit un jour, j'ai été le futur", a-t-il dit pour conclure, retournant ainsi contre lui la cruelle épitaphe qu'il avait un jour adressée à l'ex-Premier ministre travailliste Tony Blair, restée célèbre dans le lexique politique du pays. David Cameron a quitté la salle sur ces mots, sous les applaudissements nourris de tous les députés, debout.
"Ne pas tourner le dos" à l'UE. Theresa May, ministre de l'Intérieur du gouvernement conservateur sortant, âgée de 59 ans, prendra donc possession dans la journée de mercredi du 10, Downing Street. David Cameron, de dix ans son cadet, l'a invitée à ne pas complètement tourner le dos aux 27 autres membres de l'union. "Nous devons essayer d'être aussi proches de l'UE que possible", a-t-il déclaré, en s'adressant à Theresa May qu'il a qualifiée de "brillante négociatrice".
Theresa May se rendra ensuite à son tour auprès de la souveraine et se verra confier le soin de former le nouveau gouvernement que la presse britannique voit déjà beaucoup plus féminin que le précédent, et assorti d'un ministre tout spécialement chargé du Brexit. Elle deviendra alors la deuxième femme à prendre les rênes d'un exécutif britannique après Margaret Thatcher (1979-1990), à qui certains la comparent parfois.