Des milliers de salariés de Stellantis ont manifesté vendredi à Rome pour dénoncer le "désengagement" du géant automobile et une production en chute libre. Selon les syndicats, environ 20 000 employés étaient présents, brandissant tambours et sifflets pour réclamer des garanties sur l'emploi et l'avenir de la production de nouveaux modèles.
Une grève sans précédent
Les syndicats qualifient cette grève d'historique, évoquant des taux de participation allant de 63 % à 100 % sur les différents sites de production. Cette mobilisation intervient après une forte baisse de la production de Stellantis, qui a chuté de 31,7 % en 2024, atteignant son niveau le plus bas depuis 1956.
Carlos Tavares, patron de Stellantis, avait promis d'atteindre une production d'un million de véhicules d'ici 2030. Cependant, la réalité est bien différente. La production italienne ne devrait pas dépasser 500 000 unités pour l'année, alors que les ventes de véhicules électriques stagnent en Europe, notamment en raison d'un manque de modèles abordables.
Usines en difficulté
"Je ne travaille plus qu'un ou deux jours par semaine", se désole Giuseppe Carbonara, 52 ans, venu de Bari (sud-est) et depuis trente ans salarié du secteur automobile. "Il n'y a pas de politique industrielle en Italie. Nous demandons au gouvernement d'ouvrir la concertation avec Stellantis", a-t-il plaidé. Les employés réclament des discussions sérieuses entre le gouvernement et Stellantis pour assurer un avenir à l'industrie automobile en Italie.
L’usine de Mirafiori, autrefois symbole de l’âge d’or de Fiat, est actuellement à l’arrêt, notamment pour la production de la Fiat 500 électrique. Les périodes de chômage technique s'accumulent, accentuées par un retard dans le lancement de bonus pour l’achat de véhicules électriques. Maurizio Oreggia, du syndicat Fiom-Cgil, souligne que les usines "s’éteignent à petit feu".
>> LIRE AUSSI - «M. Tavares a acté la fermeture du site» : des salariés de l'usine Stellantis de Douvrin vont manifester au Mondial de l'Auto
Tensions avec le gouvernement
Les relations entre le gouvernement de Giorgia Meloni et Stellantis se sont tendues, Rome accusant le constructeur de délocaliser sa production vers des pays à bas coûts. Lors d'une audition au Parlement, Carlos Tavares a plaidé pour davantage de subventions tout en dénonçant les coûts de production élevés en Italie, sans convaincre les députés.
Depuis la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, les effectifs de Stellantis en Italie ont diminué de plus de 10.000 personnes. Le climat n'est pas meilleur en France, où les usines font également face à un ralentissement et où des jours de chômage partiel se multiplient. La crainte d'une fermeture d'usines plane, renforçant l'inquiétude parmi les salariés.