Vladimir Poutine a rencontré le 29 juin au Kremlin le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, quelques jours après sa rébellion avortée, a annoncé lundi la présidence russe. La rencontre a duré "presque trois heures", a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant qu'elle avait impliqué 35 personnes, notamment "tous les commandants et les dirigeants" du groupe Wagner.
Les informations à retenir :
- Un bombardement russe sur un centre d'aide humanitaire a fait quatre morts.
- La question de l'intégration de l'Ukraine à l'OTAN sera évoquée à partir de mardi, où un sommet des Alliés s'ouvre à Vilnius.
- L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan serait "très négative" pour la sécurité européenne, avance le Kremlin.
- L'Ukraine dit avoir libéré 14 kilomètres carrés la semaine dernière dans l'est et le sud du pays.
- L'Ukraine a affirmé lundi avoir capturé des positions clés en hauteur autour de Bakhmout.
- Cinq personnes ont été tuées dans une frappe russe sur un centre de distribution d'aide humanitaire à Orikhiv, dans le centre de l'Ukraine.
"Le président (russe) a donné son appréciation des activités" de Wagner sur le front ukrainien, a indiqué Dmitri Peskov, ainsi que "son appréciation des évènements du 24 juin", date de la rébellion du groupe. Vladimir Poutine a "écouté les explications des commandants (de Wagner) et leur a proposé des alternatives pour leur travail futur et leur emploi à des fins militaires", a encore affirmé le porte-parole du président russe.
"Les commandants (de Wagner) ont donné leur version des faits. Ils ont souligné qu'ils étaient des soutiens convaincus et des soldats du chef de l'État et commandant en chef (Vladimir Poutine) et ont affirmé qu'ils étaient prêts à continuer à combattre pour la patrie", a-t-il poursuivi.
Le Kremlin réagissait à un article du quotidien français Libération, publié vendredi, qui, s'appuyant sur des sources dans les renseignements occidentaux, affirmait que Evguéni Prigojine était retenu au Kremlin où il a été convoqué avec ses principaux commandants.
La rébellion de Wagner, menée le 24 juin, a ébranlé le pouvoir russe, en plein conflit en Ukraine. Pendant plusieurs heures, les combattants de Wagner ont occupé un quartier général de l'armée russe à Rostov-sur-le-Don (sud-ouest) et parcouru plusieurs centaines de kilomètres en direction de Moscou. La mutinerie a pris fin le 24 juin au soir avec un accord prévoyant le départ au Bélarus de Evguéni Prigojine, mais la localisation exacte de ce dernier est depuis inconnue. Il ne s'est pas exprimé publiquement depuis le 26 juin.
Pour sa part, le président bélarusse Alexandre Loukachenko a affirmé jeudi dernier qu'Evguéni Prigojine se trouvait toujours "en liberté" en Russie, malgré l'accord prévoyant son départ au Bélarus. Evguéni Prigojine a assuré que son soulèvement ne visait pas à renverser le pouvoir, mais à sauver Wagner d'un démantèlement par l'état-major russe, qu'il a violemment accusé pendant des mois d'incompétence dans le conflit en Ukraine.
Cinq morts dans une frappe russe sur un centre d'aide humanitaire
Cinq personnes ont été tuées dans une frappe russe sur un centre de distribution d'aide humanitaire à Orikhiv, dans le centre de l'Ukraine, selon un nouveau bilan annoncé lundi par le gouverneur régional, qui a dénoncé un "crime de guerre". "Malheureusement, il y a déjà cinq (morts). Le corps d'un homme vient d'être sorti des décombres", a déclaré le gouverneur Iouri Malachko, cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine.
Le procureur général ukrainien a en outre fait état de 13 blessés dans ce bombardement qui a, selon Iouri Malachko, touché "un centre de distribution d'aide humanitaire dans une zone d'habitation". Cette frappe a eu lieu dimanche aux alentours de 13H20 (10H20 GMT), a précisé le procureur dans un communiqué.
Selon le ministère ukrainien de l'Intérieur, elle a visé un collège "au moment où des civils recevaient de l'aide humanitaire". "Une bombe aérienne a totalement détruit le bâtiment", a dit le ministère sur Telegram, ajoutant que des immeubles d'habitation et des infrastructures civiles situés à proximité ont également été endommagés.
Des images montrant les dégâts ont été diffusées : on y voit un bâtiment en briques d'un étage totalement détruit, entouré d'une multitude de poutres cassées et de débris. La ville d'Orikhiv, qui comptait environ 14.000 habitants avant la guerre, est située dans la région de Zaporijjia, un des quatre territoires ukrainiens dont la Russie a revendiqué l'annexion en 2022 même si son armée ne les contrôle pas entièrement.
Cette localité est proche de la ligne de front, où les forces ukrainiennes tentent depuis début juin de reprendre aux troupes russes des positions très fortifiées.
L'Ukraine dit avoir capturé des positions clés en hauteur autour de Bakhmout
L'Ukraine a affirmé lundi avoir capturé des positions clés en hauteur autour de Bakhmout, dans l'est du pays, lui permettant de menacer les troupes russe russes dans la ville alors que Kiev poursuit dans des conditions difficiles sa contre-offensive.
"Nos troupes ont pris le contrôle de hauteurs clés autour de Bakhmout", a affirmé sur Telegram la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar, précisant que cela permet aux soldats ukrainiens de contrôler depuis plusieurs jours "les entrées, les sorties et les mouvements de l'ennemi dans la ville".
L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan serait "très négative" pour la sécurité européenne, selon le Kremlin
L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan aurait des conséquences "très négatives" pour la sécurité européenne, a affirmé lundi le Kremlin à la veille d'un sommet de l'Alliance où sera débattue la candidature de Kiev. "L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan aura des conséquences très, très négatives sur l'ensemble de l'architecture de sécurité européenne", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Elle constituera également une menace absolue pour notre pays, ce qui exigera une réaction claire et ferme de notre part", a-t-il poursuivi.
Les dirigeants de l'OTAN se réunissent mardi et mercredi en Lituanie pour un sommet qui devrait être dominé par la réponse de l'Alliance à l'intervention militaire menée par la Russie en Ukraine et la demande d'adhésion de Kiev.
>> LIRE AUSSI - Sommet de l'OTAN : quand Joe Biden donnera-t-il son aval pour l'adhésion de l'Ukraine ?
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui sera présent, a déclaré ne pas s'attendre à ce que l'Ukraine rejoigne l'OTAN avant la fin du conflit, mais il espère que le sommet donnera un "signal clair" à son pays.
Vladimir Poutine s'est emporté à de nombreuses reprises contre l'expansion de l'Otan vers l'est et accuse les membres de l'Alliance de participer au conflit en livrant des armes à Kiev.
Un bombardement russe sur un centre d'aide humanitaire fait quatre morts
Quatre personnes ont été tuées en Ukraine dans un bombardement russe sur un centre de distribution d'aide humanitaire à Orikhiv, dans le centre, a annoncé lundi le gouverneur régional, qualifiant la frappe de "crime de guerre". "Ils ont frappé un centre de distribution d'aide humanitaire dans une zone résidentielle (...) Quatre personnes sont mortes sur place : des femmes âgées de 43, 45 et 47 ans, et un homme de 47 ans", a affirmé le gouverneur Iouri Malachko sur les réseaux sociaux.
Le procureur général ukrainien a précisé dans un communiqué que la frappe a eu lieu dimanche aux alentours de 13H20 (10H20 GMT) et qu'elle a également blessé 13 personnes. Selon le ministère ukrainien de l'Intérieur, elle a visé un collège "au moment où des civils recevaient de l'aide humanitaire". "Une bombe aérienne a totalement détruit le bâtiment", a indiqué le ministère sur Telegram, précisant que des bâtiments résidentiels et des infrastructures civiles situés à proximité ont également été endommagés.
>> LIRE AUSSI - Guerre en Ukraine : l'armée ukrainienne a-t-elle les moyens de réussir sa contre-offensive ?
Des images des dégâts ont été diffusées, montrant un bâtiment en briques de deux étages totalement détruit, entouré d'une multitude de poutres cassées et de débris.
Orikhiv, une ville d'environ 14.000 habitants avant la guerre, est situé dans la région de Zaporijjia, un des quatre territoires ukrainiens dont la Russie a revendiqué l'annexion en 2022 même si son armée ne les contrôle pas entièrement. La ville est proche de la ligne de front, où les forces ukrainiennes tentent depuis début juin de reprendre aux forces russes des positions très fortifiées.
L'Ukraine dit avoir libéré 14 kilomètres carrés la semaine dernière
L'armée ukrainienne a repris aux forces russes 14 kilomètres carrés dans l'est et le sud du pays la semaine dernière dans le cadre de sa contre-offensive, a affirmé lundi un de ses porte-paroles, Andriï Kovaliov. "Plus de 10 km2 de terres ukrainiennes ont été libérés dans le sud de l'Ukraine la semaine dernière", a-t-il déclaré à la télévision ukrainienne, précisant que 4 km2 ont également été libérés "dans le secteur de Bakhmout", dans l'est.
Ces chiffres portent à 193 km2 la surface totale reprise par l'Ukraine depuis le lancement de sa contre-offensive début juin. Selon Andriï Kovaliov, l'armée ukrainienne a en effet repris "169 km2 dans les secteurs de Melitopol et de Berdyansk", les deux principales villes du sud de l'Ukraine actuellement sous le contrôle de la Russie, et 24 km2 dans le secteur de Bakhmout, ville récemment capturée par Moscou après un long siège extrêmement meurtrier.
"Les militaires ukrainiens se retranchent sur les lignes atteintes, infligent des dommages par l'artillerie sur les cibles ennemies identifiées. L'ennemi résiste, transfère des unités, utilise activement ses réserves. Des combats intenses se déroulent ici", a précisé Andriï Kovaliov au sujet de la situation à Bakhmout. De l'aveu du président Volodymyr Zelensky, la contre-offensive ukrainienne progresse lentement contre les forces russes, retranchées derrière de puissantes lignes défensives.
Vendredi, Kiev a obtenu des États-Unis la livraison des controversées bombes à sous-munitions, interdites dans de nombreux pays. L'Ukraine réclame également plus d'artillerie et la livraison d'avions de combat F-16.