L'Ukraine a attaqué vendredi à l'aide de drones la base navale russe de Novorossïisk en mer Noire, la Russie affirmant en outre avoir repoussé une dizaine de raids aériens sur la Crimée annexée, où Kiev intensifie ses frappes depuis trois semaines. Une source au sein des services de sécurité ukrainiens, le SBU, a confirmé à l'AFP leur "implication dans l'attaque de drones" qui a visé cette base du sud-ouest du territoire russe. Elle a authentifié une vidéo montrant un drone naval s'approchant à grande vitesse d'un navire de guerre, avant que la transmission ne se coupe peu avant l'impact.
Le ministère russe de la Défense a quant à lui évoqué une opération des forces armées ukrainiennes à l'aide de "deux bateaux sans équipage". Les drones navals "ont été visuellement détectés et détruits par les tirs" des navires russes, a assuré le ministère, qui a annoncé dans un autre communiqué avoir aussi abattu 13 drones aériens au-dessus de la Crimée, précisant qu'il n'y avait eu ni victimes ni dégâts.
Les principales informations à retenir :
- La Russie affirme avoir repoussé des attaques de drones contre sa base navale de Novorossïisk, sur la mer Noire
- Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s'est pour sa part rendu dans la zone de l'opération militaire en Ukraine
- Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a admis jeudi soir que sa contre-offensive était difficile
- L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) "n'a observé aucune mine ou explosif" sur les toits de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia
Pas d'explosifs sur les toits de la centrale de Zaporijjia
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) "n'a observé aucune mine ou explosif" sur les toits de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, a déclaré vendredi son directeur général Rafael Grossi. L'Ukraine avait accusé début juillet Moscou de préparer une "provocation", l'armée affirmant que des "objets similaires à des engins explosifs avaient été placés" sur les toits des réacteurs 3 et 4. Le Kremlin avait averti de son côté d'un possible "acte subversif" ukrainien aux "conséquences catastrophiques".
L'organisation a eu accès jeudi après-midi "sans entrave", à la suite de "demandes répétées", aux toits "des deux réacteurs et pouvait également voir clairement les toits des salles des turbines", a précisé M. Grossi. L'AIEA réclame par contre toujours de pouvoir avoir accès aux toits des quatre autres unités de la centrale. Devant les accusations mutuelles de Kiev et Moscou, l'AIEA avait réclamé un meilleur accès afin de "vérifier les faits sur le terrain", de manière "indépendante et objective".
L'AIEA a insisté sur l'importance d'avoir accès "en temps opportun" à toutes les zones afin de contrôler le plein respect de la protection du site durant le conflit armé. "Je réitère mon appel à toutes les parties, qui doivent s'abstenir d'actions pouvant conduire à un accident nucléaire avec des conséquences potentielles pour la santé publique et l'environnement", a ajouté Rafael Grossi.
L'attaque sur un "navire" russe "réussie"
L'attaque de drones ukrainiens ayant visé vendredi la base navale russe de Novorossïisk en mer Noire a "réussi" à toucher un navire de débarquement russe, a affirmé à l'AFP une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU). "L'attaque sur le navire de débarquement à Novorossïisk est réussie", a indiqué cette source, précisant que l'opération visait précisément ce bateau, l'Olenegorski Gorniak.
Première attaque de ce genre depuis le début de la guerre
Il s'agit de la première attaque de ce genre contre Novorossïisk, un grand port pétrolier et terminus d'un oléoduc d'environ 1.500 km provenant des champs pétrolifères de l'ouest du Kazakhstan et des régions russes situées au nord de la mer Caspienne. La majeure partie du pétrole kazakh destiné à l'exportation transite par ce tuyau.
Le Consortium du pipeline de la Caspienne (CPC), qui exploite l'oléoduc, a déclaré dans un communiqué qu'aucun dégât n'avait été signalé et que le pétrole continuait à être acheminé normalement à bord des navires à quai dans le port, après une brève interdiction de déplacement des bâtiments dans la zone.
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"Détruire la flotte russe"
La flotte russe de la mer Noire, dont la principale base est à Sébastopol, en Crimée, a été prise pour cible à plusieurs reprises depuis le début de l'offensive de Moscou en Ukraine en février 2022 mais les attaques se sont multipliées ces dernières semaines. Mardi, la Russie a ainsi affirmé avoir déjoué une frappe de trois drones navals ukrainiens contre des patrouilleurs à 340 kilomètres au sud-ouest de Sébastopol. Une opération similaire avait eu lieu une semaine plus tôt.
"Que se passe-t-il en mer Noire ? Les drones sont en train de modifier les règles du jeu", a commenté vendredi sur X (ex-Twitter) un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podolyak, ajoutant qu'ils permettaient de "détruire la valeur de la flotte russe". Kiev, qui a déclenché début juin une contre-offensive pour reprendre les territoires conquis par Moscou, avec des progrès modestes pour l'heure, clame son intention de récupérer la Crimée, que la Russie a annexée en 2014.
Plusieurs attaques de drones avaient déjà été lancées contre cette péninsule fin juillet. Dimanche, les autorités russes de Crimée avaient notamment affirmé avoir détruit 25 de ces engins. Depuis qu'elle s'est retirée le mois dernier d'un accord qui permettait à l'Ukraine d'exporter ses céréales, la Russie bombarde de son côté la région d'Odessa, sur la mer Noire.
Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, sur le front
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s'est pour sa part rendu dans la zone de l'opération militaire en Ukraine pour inspecter un poste de commandement et s'entretenir avec des officiers de haut rang, a fait savoir Moscou. Sergueï Choïgou s'est fait présenter un rapport sur la situation actuelle sur le front et "a remercié les commandants et les (autres) militaires (...) pour des actions offensives réussies" dans la zone de Lyman, dans l'est de l'Ukraine, a déclaré l'armée russe dans un communiqué, sans préciser quand ce déplacement a eu lieu.
Le président Volodymyr Zelensky a admis jeudi soir que la contre-offensive ukrainienne était difficile, faisant état des combats "très violents" dans les zones orientales clés de Lyman, Bakhmout et Avdiïvka mais aussi sur le front sud. Il estime toutefois que, "quoi que fasse l'ennemi, c'est l'armée ukrainienne qui domine". En 2022, l'Ukraine a repris des pans de territoire autour de Kherson (sud) et de Kharkiv (nord-est) à l'issue de rapides contre-offensives. Mais les forces ukrainiennes sont désormais confrontées à des positions défensives russes bien ancrées et renforcées pendant des mois. L'Ukraine a averti que son actuelle contre-offensive pourrait être longue et a exhorté ses alliés à lui envoyer plus d'armes.