C’est une nouvelle stratégie du Kremlin dans sa guerre de communication contre l’Ukraine : agiter le chiffon rouge des armes non-conventionnelles dont Kiev préparerait l’utilisation. Moscou accuse les Ukrainiens d’avoir eu un programme d’armes biologiques et de chercher à effacer les traces de la préparation d’une bombe dite sale. L’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) devrait mener des inspections cette semaine en Ukraine, une mission réclamée à grands cris par Vladimir Poutine.
Par "bombe sale", les spécialistes entendent un engin explosif ordinaire, entouré d’une masse radioactive. Au moment de l’explosion, ce qui tue ou détruit immédiatement est la déflagration, comme une autre bombe. À cela néanmoins s'ajoute la vaporisation des matières radioactives, avec des effets sur le long terme. Les zones restent dangereuses, fermées longtemps aux activités civiles ou militaires, et une peur s'installe sur place pour les populations locales.
Une fabrication simple
La fabrication de l’engin est simple, car la matière radioactive n’est pas forcément issue d’une centrale nucléaire ou d’une production militaire. Elle peut venir d’une industrie ou du secteur hospitalier comme le cobalt 60. L'enjeu pour Vladimir Poutine est de mettre préventivement l’Ukraine en accusation. Selon lui, Kiev larguerait une bombe sale pour accuser ensuite la Russie d’avoir effectué une frappe nucléaire. Le président russe dramatise d’ailleurs l’affaire en soulignant que Serguei Chouigou, son ministre de la Défense, a informé ses homologues occidentaux des intentions ukrainiennes.
L’AIEA a prévenu qu’elle ne visiterait évidemment pas tous les sites où l’on trouve des matières radioactives, car c’est tout simplement impossible. À noter tout de même qu’il est tout à fait possible que l’un d’eux soit bombardé accidentellement et que cela crée ainsi un effet bombe sale.