Un nouvel hiver de colère. Dans ce contexte de grogne sociale et de manifestations, la Tunisie commémore aujourd'hui l'anniversaire de la révolution. Le 14 janvier 2011, après un mois de manifestations, Ben Ali fuyait le pays après 23 ans de dictature, direction l'Arabie saoudite. Sept ans après cette révolution, qui a lancé les "Printemps Arabes" dans la région, la population en attend toujours "les fruits". En particulier la jeunesse, qui a poussé le dictateur hors du pays. Beaucoup se disent aujourd'hui "amers et désenchantés".
"On est vraiment loin de ce que l’on espérait". "Liberté et dignité" : c'était le slogan principal des manifestations de 2011. Sept ans plus tard, on l'entend toujours dans les cortèges. Toujours les mêmes attentes, les mêmes revendications, en particulier pour les droits économiques et sociaux explique Leila, qui a manifesté pendant la révolution : "la régression est, selon moi, terrible. D’abord, le niveau de vie a beaucoup baissé, le dinar est en chute libre, donc on est vraiment loin de ce que l’on espérait au moment de la révolution…"
Un progrès : la liberté d'expression. Si la Tunisie est souvent montrée en exemple pour sa transition politique, elle peine encore à relancer la machine économique. Le taux de chômage a explosé : il tourne autour de 15%, et même 30% chez les jeunes. Dans les quartiers populaires et les régions intérieures, cette jeunesse a perdu espoir déplore la politologue, Olfa Lamloun : "nous avons mené des enquêtes sur la situation des jeunes, leur perception de l’après-révolution, de l’après-chute de Ben Ali, et le résultat le plus important, c’est leur déception, leur désenchantement par rapport à leurs attentes".
Pour ces jeunes, le seul véritable acquis de la révolution, c'est la liberté d'expression, qui leur permet aujourd'hui de manifester librement dans les rues du pays.