La Syrie a besoin d'une justice « crédible » et d'une aide humanitaire accrue, selon l'ONU
L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a estimé que la Syrie a besoin d'une justice "crédible" pour éviter les actes de "vengeance". Une aide humanitaire accrue est également urgente. Geir Pedersen a aussi appelé à la mise en place d'une transition "inclusive" pour éviter une "nouvelle guerre civile".
La Syrie a besoin d'une justice "crédible" pour éviter les actes de "vengeance" ainsi que d'une aide humanitaire accrue, a estimé dimanche l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, en visite à Damas, une semaine après la chute de Bachar al-Assad.
Lors d'une offensive éclair lancée depuis Idleb (nord-ouest), une coalition de factions rebelles emmenées par le groupe sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris Damas le 8 décembre, mettant fin au pouvoir de Bachar al-Assad qui dirigeait le pays d'une main de fer.
"Nous avons besoin de voir qu'il y a une justice et des responsabilités établies pour les crimes commis. Et nous devons nous assurer que cela passe par un système judiciaire crédible, et qu'il n'y ait pas de vengeance", a-t-il affirmé en arrivant dans la capitale syrienne, selon ses déclarations envoyées aux journalistes.
Éviter une "nouvelle guerre civile" en Syrie
Avec l'arrivée d'un nouveau pouvoir, M. Pedersen a parlé d'un changement "immense" qui "crée de grands espoirs". "Mais nous savons tous qu'il y a encore de nombreux défis à relever" et "nous devons donc faire les choses correctement dès le départ", a-t-il dit, alors qu'il doit rencontrer à Damas les nouvelles autorités.
L'émissaire de l'ONU appelle à la mise en place d'un "processus politique qui englobe tous les Syriens" : "ce processus doit évidemment être mené par les Syriens eux-mêmes" avec "l'aide et l'assistance que nous espérons".
M. Pedersen a appelé ces derniers jours à la mise en place d'une transition "inclusive" pour éviter une "nouvelle guerre civile" en Syrie, où un conflit a été déclenché en 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie.
Le processus de transition doit "être dirigé (...) par les Syriens"
En Jordanie, pays voisin de la Syrie, il a participé samedi à des discussions réunissant des diplomates américains, arabes, européens et turcs, qui ont convenu que le processus de transition devait "être dirigé (...) par les Syriens eux-mêmes et aboutir à un gouvernement inclusif, non sectaire et représentatif", selon un communiqué conjoint.
HTS, dirigé par Abou Mohammad al-Jolani, affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé "terroriste" par plusieurs capitales occidentales, dont Washington. L'UE a pris des sanctions contre le groupe et ses dirigeants.
"Il y a une variété de sanctions imposées par des Etats membres/entités qui ont un impact sur la Syrie et HTS" notamment, a indiqué dimanche à l'AFP la porte-parole de l'émissaire onusien, Jenifer Fenton.
"Il y a toute la question de la reprise économique. Nous devons veiller à ce que cette question soit réglée rapidement. Nous espérons que les sanctions seront rapidement levées, afin que nous puissions assister à une véritable mobilisation autour de la reconstruction de la Syrie", a indiqué de son côté M. Pedersen, sans préciser s'il parlait des sanctions contre la Syrie de M. Assad ou HTS.
La nécessité d'une aide humanitaire immédiate
M. Pedersen considère aussi que l'aide humanitaire est aussi très importante dans l'immédiat. "Nous savons tous que la Syrie a traversé une énorme crise humanitaire. Nous devons veiller à ce que la Syrie reçoive une aide humanitaire immédiate accrue pour la population en Syrie, et pour tous les réfugiés qui souhaitent rentrer. C'est extrêmement important", a indiqué M. Pedersen.
La guerre en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts, dévasté le pays et poussé à la fuite quelque six millions de Syriens, soit un quart de la population.