Sharbat Gula, rendue célèbre il y a plus de 30 ans par un portrait en couverture du National Geographic qui a fait d'elle l'icône des réfugiés afghans, a été expulsée mercredi du Pakistan vers l'Afghanistan en guerre, après un court séjour en prison pour détention de faux papiers, a-t-on appris auprès de responsables pakistanais.
Expulsée avec ses quatre enfants. L'Afghane, dont les saisissants yeux verts mis en valeur par son foulard rouge avaient été immortalisés en 1984 dans un camp de réfugiés afghans au Pakistan, a été emmenée par voiture jusqu'à la frontière dans la nuit de mardi à mercredi, ont indiqué ces responsables. "Nous avons expulsé Sharbat Gula vers l'Afghanistan. Elle a passé la frontière à 2h30 du matin, avec ses quatre enfants", a indiqué Asmatullah Wazir, un responsable administratif dans la ville frontalière de Torkham.
Le Pakistan, "mon propre pays". La semaine dernière, elle avait confié avoir le "cœur brisé" de devoir retourner dans son pays d'origine, où les talibans sont à l'offensive face à un gouvernement affaibli. "L'Afghanistan n'est que mon lieu de naissance, mais le Pakistan était ma patrie et je l'ai toujours considéré comme mon propre pays", avait-elle confié depuis son lit d'hôpital à Peshawar, où elle était traitée pour une hépatite C. "J'avais décidé de vivre et de mourir au Pakistan mais ils m'ont fait la pire des choses. Ce n'est pas ma faute si je suis née là-bas (en Afghanistan). Je suis déprimée. Je n'ai pas d'autre choix que de partir", avait ajouté Gula, qui dit avoir aujourd'hui 45 ans.
Nombreux réfugiés afghans au Pakistan. Cette mère de quatre enfants, analphabète, avait indiqué être arrivée au Pakistan orpheline, quatre ou cinq ans après l'invasion soviétique de 1979, comme des millions d'Afghans qui avaient fui les combats de l'autre côté de la frontière. Elle a fini de purger cette semaine une peine de quinze jours de prison pour avoir obtenu frauduleusement une carte d'identité pakistanaise. Le cas de Sharbat Gula illustre le désespoir de nombreux réfugiés afghans à l'idée d'être renvoyés dans leur pays d'origine toujours secoué par des combats.