Quelques semaines après les révélations des "Panama Papers", le procès des "Luxleaks" s'ouvre mardi à Luxembourg, promettant de brasser plusieurs sujets brûlants d'actualité, du statut fragile des lanceurs d'alerte au scandale de l'évasion fiscale.
Fuite de documents. Trois Français, dont un journaliste, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Luxembourg, accusés d'avoir fait fuiter des milliers de pages éclairant les pratiques fiscales de grandes multinationales établies au Grand-Duché. Antoine Deltour, le lanceur d'alerte, est accusé d'avoir organisé la fuite de ces documents fiscaux du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC), pour lequel il travaillait à Luxembourg. Il encourt jusqu'à 10 ans de prison. Il a confié des documents au journaliste Edouard Perrin, lui aussi poursuivi, qui a révélé le scandale en mai 2012 dans l'émission "Cash Investigation" sur France 2.
Une 2e source inculpée. Edouard Perrin a, lui, été inculpé en avril 2015 pour notamment complicité de vol domestique, violation du secret professionnel et violation de secrets d'affaires. Il lui est entre autres reproché d'avoir manipulé un autre employé de Pwc, Raphaël Halet pour organiser une seconde fuite de documents. Ce dernier est le troisième homme inculpé.
L'employeur est partie civile. Leur ancien employeur, le cabinet d'audit PwC, qui a déposé une plainte dès 2012, est partie civile pour ce procès, qui doit durer jusqu'au 4 mai. Il sera suivi de près par de nombreuses ONG, alors que le Luxembourg peine à se départir de son image de havre pour les entreprises cherchant à minimiser leur fiscalité, sur fond de forte sensibilisation de l'opinion à ces sujets. Car si les récents "Panama Papers" ont mis au jour des montages complexes de société servant à dissimuler des avoirs, le scandale des "Luxleaks" a, lui, dévoilé au grand jour les pratiques fiscales utilisées par des firmes comme Apple, Ikea et Pepsi pour économiser des milliards de dollars d'impôts.