Les policiers thaïlandais autorisés à se laisser pousser les cheveux

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avec AFP/Crédit photo : MLADEN ANTONOV / AFP
Les policiers thaïlandais, que la junte avait obligés à garder le crâne rasé, peuvent désormais se laisser pousser légèrement les cheveux, une innovation censée les aider dans leur travail au quotidien. 

Cet assouplissement des règles instaurées en 2018 par la junte alors au pouvoir vise à "moderniser" l'institution, a indiqué la police mardi, au jour de son entrée en vigueur.

Les normes "ont été ajustées pour que la police paraisse plus en phase avec le monde d'aujourd'hui", a-t-elle précisé dans un communiqué. Les policiers de sexe masculin sont dorénavant autorisés à laisser pousser jusqu'à cinq centimètres de cheveux sur le dessus de leur crâne et jusqu'à un centimètre sur les côtés et derrière.

En Thaïlande, pays conservateur, les fonctionnaires doivent se plier à des règles strictes qui encadrent leur apparence. La semaine dernière, le nouveau chef de la police nationale, intronisé en septembre, avait souligné les vertus pratiques de la réforme capillaire.

"Je crains que la seule possibilité de s'infiltrer pour les enquêteurs soit de se faire passer pour des moines" bouddhistes au crâne rasé, avait plaisanté Torsak Sukvimol."C'est un bon premier pas", a réagi le député progressiste Rangsiman Rome dont le parti, Move Forward, a fait campagne au printemps pour réformer en profondeur les forces de sécurité associées à la corruption et au clientélisme.

Une réforme cosmétique ?

Pour lui, les policiers devraient avoir le droit de choisir leur style capillaire. Les nouvelles règles devraient se révéler populaires chez les policiers, a estimé Sorat Klapwila, doyen en sciences sociales à l'Académie de police.

Auparavant, les policiers devaient aller chaque semaine chez le coiffeur et "ce changement va les aider à économiser de l'argent", a-t-il assuré à l'AFP. En Thaïlande, les policiers fraîchement recrutés gagnent moins de 10.000 bahts (260 euros) par mois.

"C'est juste une coupe de cheveux", estime Wuttipat Cheunjampla, 50 ans, policier dans un quartier huppé de Bangkok. "Peut-être qu'ils (les autorités) peuvent faire quelque chose d'autre pour améliorer les conditions de vie des officiers subalternes".

La réforme est juste cosmétique, pense Sumontip Chitsawang, professeur à l'université Chulalongkorn. "Aux yeux des gens, ce n'est pas important", dit-il, estimant le grand public intéressé davantage par l'efficacité de la police à combattre la criminalité.