L'État norvégien, condamné pour traitement "inhumain" d'Anders Behring Breivik, a justifié mercredi les restrictions sur les contacts du tueur néo-nazi avec l'extérieur en l'accusant de vouloir diffuser son idéologie depuis sa prison, y compris via des petites annonces romantiques.
"Il travaille en tant qu'idéologue". Au deuxième jour de l'examen de l'appel de l'État contre sa condamnation, le Procureur général, Fredrik Sejersted, a expliqué que Breivik, auteur d'une tuerie qui a fait 77 morts en 2011, suivait le script décrit dans son manifeste diffusé juste avant les attaques. "Il en a fini avec la phase de combattant actif, et maintenant il travaille pour son projet en tant qu'idéologue et plumitif pour constituer des réseaux", a affirmé Fredrik Sejersted. "Il y a des raisons de croire hélas que le projet idéologique de Breivik se déroule comme prévu."
Des "petites annonces national-socialistes". L'extrémiste de 37 ans a envisagé la possibilité d'utiliser des "petites annonces romantiques national-socialistes" comme un moyen de diffusion idéologique dans la mesure où leur contenu est hautement protégé par la Cour européenne des droits de l'Homme, ressort-il d'une lettre passée au crible des autorités pénitentiaires, comme le reste de sa correspondance. "A priori, je considère la rédaction d'annonces de rencontre comme une activité si ringarde qu'elle devrait être criminalisée", écrit Breivik dans une lettre adressée en août 2015 à des sympathisants et dont Fredrik Sejersted a lu des extraits. "Mais afin de percer le blocus de l'information à presque n'importe quel prix, j'y vois une expérimentation. Paradoxalement, il n'y aucun autre type de texte qui soit aussi protégé à la publication qu'une annonce de rencontre", y explique-t-il.
Traitement "inhumain". Délocalisée pour des raisons de sécurité dans la prison de Skien, dans le sud du pays, où Breivik est incarcéré, la Cour d'appel d'Oslo examine cette semaine l'appel de l'État norvégien après sa condamnation en première instance l'an dernier pour traitement "inhumain" et "dégradant", en raison principalement de l'isolement prolongé de Breivik. Dans son exposé liminaire, Fredrik Sejersted a cherché à justifier le régime strict de détention imposé à l'extrémiste par sa dangerosité et par la nécessité de l'empêcher de construire un réseau susceptible de perpétrer de nouvelles attaques.