Pour Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach a eu à plusieurs reprises l'occasion d'interroger Kofi Annan. Plus qu'un simple rapport de journaliste à interviewé, les deux hommes ont noué des liens d'amitié au fil des années. Samedi, la mort de l'ancien secrétaire général de l'ONU a donc "personnellement ému" Jean-Pierre Elkabbach, qui s'est confié sur notre antenne.
"Remettre les hommes les uns en face des autres". "Je le connaissais bien, je suis personnellement ému. Mais aussi ému pour ce qu'il a représenté. Le monde vient de perdre un grand homme de paix, un fin médiateur et un négociateur inlassable de la fin des conflits les plus sanglants", a-t-il déclaré, vantant son éternelle "volonté d'apaiser et de remettre les hommes les uns en face des autres", ses "qualités d'écoute", sa "recherche du mot précis" et son "infinie patience".
"Actif, impartial et indépendant". "Jacques Chirac avait compris assez vite que Kofi Annan - qui n'était pas son candidat pour le poste - serait un dirigeant actif, impartial et indépendant, à tel point que les États-Unis finirent pas regretter de l'avoir nommé", rappelle le journaliste. Dès lors, l'ancien chef de l'État français et le prix Nobel de la Paix, eux aussi, ont su créer une solide amitié.
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"Il est intervenu sur tous les fronts". Pour Jean-Pierre Elkabbach, les brillants premiers pas de Kofi Annan au sein des Nations-Unies témoignent des qualités du Ghanéen. "Il démontra assez vite par son sang-froid, sa connaissance de la géopolitique, son pouvoir de séduction et de conviction, la qualité, la dignité et la liberté des diplomates africains. Pendant ses deux mandats, il est intervenu sur tous les fronts", souligne le journaliste.
Un souvenir intime. Ce qui a surtout marqué Jean-Pierre Elkabbach dans la personnalité de Kofi Annan, c'est l'empathie dont il faisait preuve avec tous ceux qui l'approchaient. "Il s'intéressait à la vie personnelle de ses interlocuteurs avec une gentillesse et une douceur, doublées d'une énergie et d'une grande fermeté", confirme-t-il, avant de se remémorer sur "un souvenir personnel très fort". "J'avais rendez-vous avec lui à New York. Entre temps, ma mère est morte, et je lui avais demandé d'accepter de retarder de quelques jours le rendez-vous, ce qu'il avait accepté. Et quand je suis arrivé à New York, la première chose qu'il m'a dite, c'est 'Tu souffres beaucoup de la mort de ta maman. Quels ont été ses derniers moments ?' Il m'a parlé, il s'intéressait à l'autre", rapporte Jean-Pierre Elkabbach, touché.