Les récents bombardements de l'armée israélienne à travers le Liban ont conduit à la mort d'Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, un puissant groupe chiite allié du Hamas en guerre contre Israël dans la bande de Gaza. Pour Gilles Kepel, auteur et spécialiste du monde arabe, "Benjamin Netanyahu est en train de remporter un succès d'un point de vue militaire", a-t-il expliqué sur le plateau du Grand Rendez-vous Europe 1/ CNews / Les Echos. Pour lui, cette attaque "lave l'échec militaire et personnel du 7 octobre de Benjamin Netanyahu qui, en temps que Premier ministre, représente l'Etat d'Israël".
"On est dans une logique de guerre dans toute sa dimension"
"C'est une attaque qui restera dans les annales de la guerre moderne", a-t-il affirmé. Après avoir lourdement affaibli le Hezbollah avec l'attaque des bipeurs, cette frappe ultra ciblée sur le chef du groupe terroriste montre une escalade sans précédent des évènements. "La destruction militaire de l'appareil du Hezbollah est très importante en termes géopolitiques et a considérablement affaibli l'Iran", a expliqué le professeur des Universités.
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Selon lui, l'enjeu majeur reste les pertes conséquentes de civils. "Cette expression horrible des 'dommages collatéraux' est une autre conséquence de ces attaques. Tous les civils fuient et des gens qui n'étaient pas du Hezbollah se font bombarder. On est dans une logique de guerre dans toute sa dimension avec ce que ça engendre".
Les frappes les plus meurtrières depuis 2006
Selon l'ONU, des dizaines de milliers de personnes ont fui le pays face aux violences de cette semaine et la vague d'explosions meurtrières a fait des dizaines de morts. L'OMS a déclaré de son côté que près de 6.400 personnes avaient été blessées au cours de cette semaine et appelle à la "désescalade immédiate". Ces frappes sont les plus meurtrières depuis la dernière guerre entre Hezbollah et Israël, en 2006.
Il semble cependant impossible que le Hezbollah reste sans réponse car bien que le groupe terroriste soit privé de chef, son suppléant doit d'ores et déjà être prêt à le remplacer. "Naïm Qassem, le bras droit de Hassan Nasrallah, n'est pas touché à ma connaissance. Il doit donc être le nouveau patron du Hezbollah", a glissé Gilles Kepel. Un autre nom est pressenti pour remplacer le chef, et c'est le cousin d'Hassan Nasrallah, Hachem Safieddine qui pourrait également être un potentiel successeur. Le Conseil de la Choura, la plus haute instance du parti, élira prochainement son nouveau dirigeant.