Plus de 280 morts et 2.000 blessés en trois mois. C'est une véritable crise que traverse le Nicaragua depuis 90 jours, alors que l'opposition demande le départ du président Daniel Ortega.
Les 39 ans de la révolution. La foule brandit des drapeaux rouges et noirs aux couleurs du FSLN, le front sandiniste de libération nationale. Les sandinistes qui ont renversé la dictature en 1979, alors que le chef de l'Etat de 72 ans, ancien guérillero admirateur du Che, et son épouse Rosario Murillo, également sa vice-présidente, ont participé à la commémoration des 39 ans de la révolution devant des milliers de partisans dans l'après-midi à Managua, la capitale. Avant d'être président, Daniel Ortega avait déjà dirigé le Nicaragua entre 1979 et 1990.
Un anniversaire sanglant. A une trentaine de kilomètres plus au sud, à Masaya, fief de l'opposition, la liesse est moins visible mais des hommes armés soutien au régime paradent dans des pick-up. Mercredi, ils réprimaient violemment les manifestants pour reprendre le contrôle de la ville, où 200 habitants ont préféré fuir. C'est donc un anniversaire sanglant, à l'image de la crise que traverse un pays où le népotisme a pris une grande place dans un système corrompu et à bout de souffle. Une partie de la population réclame donc le départ du président Ortega qui brigue le pouvoir depuis 12 ans et a déjà été réélu deux fois alors que plane sur lui de grands soupçons de fraude.
Tirs à balles réelles de la police. En avril, c'est entre autres un projet de réforme du système des retraites jugé injuste qui a allumé la mèche. La colère populaire s'est ensuite répandue mais le président Ortega compte bien rester en place. La répression a déjà fait plus de 28 morts et 2.000 blessés alors que la police tire à balles réelles. Si la communauté internationale exerce des pressions diplomatiques de plus en plus fortes sur Daniel Ortega, aucune sanction n'est pour l'instant à l'ordre du jour. Quant aux milieux d'affaires, alliés traditionnels du président, ils ont demandé jeudi le départ de Daniel Ortea. "Le Nicaragua ne sera pas un pays viable pour la paix et le développement tant que le régime actuel restera en place", a déclaré le Comité coordinateur des associations agricoles, commerciales, industrielles et financières (CACIF), influente organisation de chefs d'entreprises nicaraguayens.