Ce sont ses premières déclarations sur le scandale qui a éclaboussé l'Église et le Vatican. Samedi, dans un entretien avec l'Association régionale des chaînes de télévision (Arcatel), le président chilien Sebastián Pinera a déploré l'attitude des autorités de l'Église catholique chilienne dans les affaires de pédophilie qui ont récemment éclaté dans le pays. Selon lui, elles "auraient pu et auraient dû éviter de nombreux abus et beaucoup de souffrances aux enfants chiliens".
"L'Église ne devrait jamais dissimuler un crime". "Je le regrette profondément", a poursuivi le président chilien. "De nombreuses autorités de l'Église catholique ont eu connaissance de ces actes et, au lieu de les affronter avec la vérité, elles les ont dissimulés. J'espère que c'est une grande leçon pour l'Église catholique et je le dis clairement et avec respect en tant que catholique : l'Église ne devrait jamais dissimuler un crime, encore moins lorsqu'il s'agit de crimes d'abus sexuels contre des enfants."
Plus de 260 victimes. L'église catholique chilienne est en pleine tourmente après que 158 personnes - évêques, prêtres ou laïcs liés à celle-ci - sont ou ont été visées par une enquête pour abus sexuels sur des mineurs et des adultes depuis les années 1960. Au total, le parquet général a recensé 266 victimes, dont 178 étaient mineures.
Démissions des évêques chiliens. Au cours d'un voyage au Chili en janvier, le pape François avait défendu avec force l'évêque chilien Juan Barros, soupçonné d'avoir tu les crimes d'un vieux prêtre pédophile, se déclarant persuadé de son innocence et demandant aux victimes présumées des preuves de culpabilité. Il avait ensuite présenté des excuses puis dépêché au Chili Mgr Charles Scicluna, l'archevêque de Malte chargé d'enquêter sur les cas de pédophilie chez les prêtres, afin de s'entretenir avec les victimes. En mai, il avait invité à Rome certaines des victimes et avait convoqué l'ensemble des évêques chiliens. Ces derniers avaient présenté leur démission en bloc après la rencontre. Pour le moment, le pape a accepté la démission de cinq d'entre eux, dont Mgr Juan Barros.