Le pape François démarre mardi sa première journée de rencontres tambour battant au Chili, au chevet d'une Église locale discréditée par des scandales de pédophilie.
Un discours examiné à la loupe. Le discours du pape argentin à des prêtres, religieux et séminaristes, rassemblés en fin d'après-midi dans la cathédrale de Santiago du Chili, sera scruté à la loupe. François enchaînera ensuite un rendez-vous avec une cinquantaine d'évêques chiliens. Le pape, qui prône la "tolérance zéro" face aux prêtres pédophiles, marche sur des œufs au Chili.
Un dossier brûlant refait surface. En janvier 2015, le pape François avait pris la décision de nommer Mgr Juan Barros à la tête d'un diocèse du sud du pays, au moment où il était soupçonné d'avoir protégé dans le passé le vieux prêtre condamné pour pédophilie. Cette nomination avait été contestée par des experts laïcs de la commission vaticane de protection des mineurs, chargée de réfléchir à la prévention d'abus sexuels. Et une congrégation religieuse, des députés et des organisations laïques chiliennes avaient envoyé une lettre de protestation au Vatican. Mgr Barros avait pour sa part démenti avoir été au courant des agissements de Karadima.
Quelques jours avant l'arrivée du pape, ce dossier brûlant a refait surface avec la publication d'une lettre envoyée en 2015 par le pape François à l'épiscopat chilien, a confirmé vendredi ce dernier. Elle reflète un certain embarras du Vatican pour le dossier de Mgr Barros.
Une Église particulièrement touchée. L'Eglise catholique du Chili avait demandé formellement pardon, en avril 2011, pour tous les cas d'abus sexuels sur des enfants commis par des membres du clergé et pour son manque de réactivité face aux plaintes par le passé. Selon la base de données de l'ONG américaine Bishop Accountability, des dénonciations pour abus sexuels ont concerné près de 80 religieux au Chili ces dernières années.
Une visite politique. Comme le veut la tradition diplomatique, le souverain pontife débutera mardi la journée par un discours devant les autorités gouvernementales et civiles. Au palais présidentiel de La Moneda - un lieu chargé d'histoire où mourut le président socialiste Salvador Allende en 1973 lors du coup d'État d'Augusto Pinochet - le pape pourra saluer de façon informelle le milliardaire conservateur Sebastian Piñera, victorieux à la présidentielle de décembre et qui prendra ses fonctions en mars.
Visite privée avec Michelle Bachelet. Le pape effectuera une visite privée avec l'actuelle présidente, la socialiste Michelle Bachelet, dont certaines réformes sociétales ne sont pas du goût de l'Église (dont l'adoption du mariage homosexuel et la dépénalisation de l'avortement).
Une messe symbolique. C'est donc malgré tout dans une ambiance plus sereine que le pape François célébrera une messe dans le parc public où la venue de Jean Paul II en 1987 avait provoqué une bataille rangée entre policiers et opposants à Pinochet, où sont attendues mardi quelque 400.000 personnes. Mardi, François pénétrera aussi pour la première fois dans une prison pour femmes, peuplée de 620 détenues "pauvres parmi les pauvres" qui ont préparé sa venue avec allégresse.