La Russie vote dimanche pour sa présidentielle, et Vladimir Poutine, crédité de 70% des intentions de vote, a pour ainsi dire partie gagnée. Pour décrocher un quatrième mandat de six ans, le maître du Kremlin peut visiblement compter sur le soutien des campagnes et des villes de province où, malgré un niveau de vie très bas, les Russes continuent à lui faire confiance.
Des conditions de vie qui se dégradent. Enserrée par la neige, Mojaïsk, à 160 kilomètres de Moscou, est un mélange de Datchas abandonnées et d'usines désaffectées. Au fond d'un marché, Valentina attend le client. Cette retraitée cherche à gagner quelques roubles en vendant des sucreries. Mais en vingt ans, confie-t-elle, la présidence de Vladimir Poutine n'a guère amélioré son quotidien. "Notre pouvoir d'achat baisse en permanence, c'est misérable", déplore-t-elle auprès d’Europe 1. Puis, désignant les produits qui s’étalent devant elle : "Ce fromage, je le payais normalement 200 roubles, il est à 300. Pareil pour le beurre. Les prix augmentent régulièrement. C'est 10 à 20% de plus tous les 6 mois", pointe cette femme.
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Un leader qu'on ne critique pas. Les petites villes comme Mojaïsk sont les premières à souffrir d'une croissance en berne depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. Pourtant, il est bien difficile de trouver un riverain prêt à le critiquer ouvertement. Comme beaucoup d’autres, Nadiejda ira voter pour lui. "Sur le plan international, il a fait comprendre au monde entier que la Russie est un grand pays, fort, avec un peuple uni", fait-elle valoir alors même que les relations avec les Occidentaux n’ont jamais été aussi mauvaises depuis la crise en Crimée, entre les accusations d’ingérence dans la campagne américaine et l’affaire Skripal en Grande-Bretagne.
La grandeur de la Russie à tout prix. "En politique intérieure, le seul problème, c'est la corruption. Il va corriger cela, mais sa politique extérieure est brillante", assure encore cette électrice. Hors de question, donc, pour ces habitants des campagnes de renier leur prétention à la grandeur de la Russie, et qu'importe si cela demande des sacrifices.