Une infirmière de 59 ans a été condamnée jeudi en Russie à passer huit ans dans une colonie pénitentiaire pour avoir dénoncé sur les réseaux sociaux l'offensive en Ukraine. Les autorités russes ont interdit toute critique de cette opération militaire, punissant des milliers de personnes de peines de prison ou d'amendes pour l'avoir dénigrée.
Le tribunal Dorogomilovski de Moscou a reconnu Olga Menchikh coupable d'avoir diffusé des "faux" sur l'armée russe, en vertu d'une loi votée peu après que le Kremlin a envoyé des troupes en Ukraine et utilisée pour faire taire la dissidence. Cette juridiction a jugé que cette infirmière avait diffusé des messages "motivés par la haine politique".
"J'ai vraiment été triste pour eux"
Olga Menchikh avait dénoncé une frappe russe meurtrière effectuée en 2022 sur la ville ukrainienne de Vinnytsia et le massacre présumé de civils dans la banlieue de Kiev, à Boutcha. Elle a plaidé non coupable et a déclaré devant le tribunal qu'elle avait eu de la peine pour les soldats russes blessés arrivant au Centre médical et chirurgical national Pirogov dans la capitale russe où elle était infirmière anesthésiste. "Quand un jeune homme passe, savez-vous ce que ressent une femme ? De la compassion, pas la haine dont on m'accuse", a-t-elle dit au tribunal, selon le site internet indépendant Mediazona. "J'ai vraiment été triste pour eux".
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Elle s'est adressée au procureur en ces termes : "Vous voulez me condamner comme pour un meurtre, mais je me suis battue pour votre santé. J'ai soigné de nombreux procureurs et juges de tout Moscou". Olga Menchikh a été arrêtée en avril et placée en résidence surveillée puis mise en détention provisoire en septembre. Jeudi également, un tribunal de la ville de Penza, à plus de 600 km au sud-est de la capitale russe, a infligé à un homme de 40 ans, Maxime Zotov, une peine de 15 ans dans une colonie pénitentiaire à régime strict pour trahison et "tentative de coopération avec un État étranger de manière confidentielle", ont annoncé les procureurs régionaux sur Telegram.
En juillet 2022, cet homme a "tenté d'entrer en contact avec des représentants d'un État étranger dans l'intention de coopérer contre les intérêts sécuritaires de la Russie", ont-ils affirmé. Il a ensuite, d'octobre à janvier, "entretenu une correspondance électronique confidentielle" avec des personnes qui agissaient au nom d'un État étranger, selon le communiqué des procureurs. Maxime Zotov a également transmis aux services ukrainiens des informations sur deux soldats russes combattant en Ukraine, ont-ils ajouté.