La Turquie et la Syrie continuent de pleurer leurs morts. Depuis lundi, le bilan humain du puissant séisme de magnitude 7,8, enregistré près de Gaziantep dans le sud-est de la Turquie, ne cesse de s'alourdir. Ce mercredi, les autorités faisaient état de 11.700 victimes auxquels il faut ajouter des milliers de blessés et autant de disparus. Pendant ce temps, les secours s'affairent pour porter assistance aux survivants au milieu des décombres et des tas de gravats. Des images de désolation loin d'être inédites dans ce pays particulièrement sujet aux soubresauts de la Terre. Mais qu'en est-il de la situation en France métropolitaine ? Sommes-nous également exposés à ce type de catastrophe naturelle ?
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De l'avis de nombreux spécialistes, la réponse est clairement négative. "La situation de la métropole est très éloignée de celle de la Turquie car nous n'avons pas de limite de plaques à proximité", expose Vincent Rebour, spécialiste des aléas naturels au sein de l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Un séisme résulte en effet d'un mouvement coulissant entre deux plaques qui peut générer des ruptures au niveau des failles qui délimitent ces plaques. Le sud-est de la Turquie a donc été victime d'une fissure sur la faille séparant les plaques eurasiatiques et anatoliennes.
L'aléa sismique reste présent en France
"La grande limite de plaques la plus proche du territoire français se situe au niveau du Maghreb", rappelle le sismologue Jérôme Vergne. Soit à plus de 1.000 kilomètres du territoire de la métropole. Si plusieurs micro-plaques se rejoignent tout de même à proximité de l'Hexagone, notamment du côté de l'Italie, leurs mouvements les unes par rapport aux autres ne sont pas de nature à générer un tremblement de terre d'ampleur. "Les séismes vont être d'autant plus gros et rapprochés que la vitesse de coulissement des blocs autour de la faille est importante. En France, la vitesse que l'on mesure est inférieure au millimètre par an", précise Jérôme Vergne.
Pour autant, la France n'est pas totalement protégée de l'aléa sismique. En témoigne le tremblement de Terre du Teil en Ardèche, de magnitude 5,4, responsable d'effondrements de bâtiments et d'importants dégâts matériels en 2019. "Une fois par an, on peut avoir un séisme plus largement ressenti, avec une magnitude supérieure à 4. Cela peut se traduire par quelques fissures dans les murs ou quelques chutes de tuile", indique Jérôme Vergne. En France, les séismes les plus puissants dépassent rarement la magnitude 6 et ne surviennent que très rarement. "Globalement, c'est tous les 50 à 100 ans", estime le sismologue.
La plupart du temps, ces tremblements de terre ont lieu dans la partie est du pays en raison de la proximité d'une limite de plaques. D'autres régions peuvent cependant être touchées, parfois de façon assez mystérieuse. "On note également de la sismicité en Bretagne ou dans le Massif central. On est pourtant loin des frontières de plaques et à ce stade, nous n'avons pas vraiment d'explication quant à la présence de cette activité sismique à ces endroits-là", conclut Jérôme Vergne.