Les résultats définitifs du référendum sur le renforcement des pouvoirs du président turc Recep Tayyip Erdogan donnent une victoire du oui avec 51,41% des voix, a annoncé jeudi le Haut-Conseil électoral (YSK).
Lors d'une brève allocution télévisée jeudi soir, le président du YSK, Sadi Güven, a indiqué que le oui l'avait emporté avec 25,16 millions de voix, soit 51,41% des suffrages, contre 23,78 millions (48,59%) de voix pour le non. La révision constitutionnelle renforçant les pouvoirs présidentiels qui était soumise à la consultation populaire le 16 avril "a été acceptée", a sobrement commenté Sadi Güven, ajoutant que le taux de participation s'était élevé à 85,43%.
Les résultats contestés. Le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie, l'AKP, avait indiqué qu'il proposerait, après la proclamation des résultats officiels, à Recep Tayyip Erdogan de réintégrer ses rangs, premier volet de la réforme constitutionnelle. Mais les deux principaux partis d'opposition en Turquie, le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde), contestent la victoire du oui au référendum, accusant l'YSK d'avoir ouvert la voie à des fraudes massives en modifiant la loi électorale à la dernière minute. Le jour du vote, l'YSK avait déclaré qu'il accepterait comme valides les bulletins non marqués du sceau officiel, sauf si leur caractère frauduleux était prouvé. Après avoir été débouté par le Conseil d'Etat turc, le CHP a indiqué mercredi qu'il saisirait la Cour européenne des droits de l'Homme pour contester la validité du scrutin.
"Pas à la hauteur des critères" européens. Une mission commune d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et du Conseil de l'Europe a estimé que ce scrutin n'avait pas été "à la hauteur des critères" européens. Recep Tayyip Erdogan a vivement rejeté ces critiques jeudi, déclarant que "nous ne pouvons permettre à qui que ce soit, y compris l'Union européenne, de remettre en cause le caractère démocratique de la Turquie".
Le président turc a également dénoncé la décision prise mardi par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe de rouvrir sa procédure de suivi à l'égard de la Turquie en raison de la situation de l'état de droit dans le pays. "C'est honteux, pour le dire de la manière la plus mesurée possible", a déclaré jeudi soir Recep Tayyip Erdogan lors d'un dîner de gala pour fêter les 55 ans de la Cour constitutionnelle de Turquie. "Nous allons continuer d'avancer dans la voie que nous croyons être la bonne", a-t-il ajouté.