"On ne touche pas aux Églises" : le pape François a condamné dimanche l'interdiction par Kiev de l'Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou, faisant part de sa préoccupation pour la liberté de culte dans le pays en guerre.
"On ne commet pas le mal en priant"
"Je continue de suivre avec douleur les combats en Ukraine et en Fédération de Russie. Et en pensant aux lois récemment adoptées en Ukraine, je crains pour la liberté de ceux qui prient", a déclaré le chef de l'Église catholique à la fin de la prière hebdomadaire de l'Angélus. "Parce que ceux qui prient vraiment prient toujours pour tout le monde. On ne commet pas le mal en priant. Si quelqu'un commet le mal contre son peuple, il en sera coupable, mais il ne peut pas avoir commis le mal parce qu'il a prié", a-t-il insisté devant les fidèles massés sur la place Saint-Pierre.
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Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait rencontré François en juin lors du G7 en Italie, a promulgué une loi interdisant la branche de l'Église orthodoxe ukrainienne dépendante du patriarcat de Moscou, qui fut longtemps la principale confession du pays. "Qu'on laisse prier ceux qui veulent prier dans ce qu'ils considèrent comme leur Église", a réagi le pape. "S'il vous plait, veuillez ne pas abolir directement ou indirectement une Église chrétienne. On ne touche pas aux Églises."
Le patriarche orthodoxe russe Kirill, qui a soutenu ouvertement l'invasion de l'Ukraine, a, lui, accusé samedi Kiev de "persécuter" les croyants de cette branche. L'Église orthodoxe dépendante du patriarcat de Moscou est en perte d'influence depuis la création de la nouvelle Église orthodoxe ukrainienne indépendante en 2018, même si elle conserve des milliers de paroisses à travers le pays. Bien que cette branche ait coupé les ponts avec Moscou en 2022 après le début du conflit en Ukraine, les autorités ukrainiennes la considèrent toujours sous influence russe et ont multiplié les procédures judiciaires, perquisitions et saisies à son encontre.
Depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou, les multiples appels à la paix lancés par François sont tous restés lettre morte.