Mohamed Abdeslam, frère du djihadiste Salah Abdeslam, a reconnu lundi avoir participé fin janvier à Bruxelles à un faux braquage, "une mise en scène de théâtre", pour dérober avec des complices les 68.000 euros de la recette communale afin de résoudre ses problèmes financiers.
Le frère du seul membre encore en vie des commandos ayant attaqué Paris le 13 novembre 2015, faisant 130 morts, était jugé pour vol aggravé lundi après-midi devant le tribunal correctionnel, au côté de deux complices présumés. À l'audience, ce Français d'origine marocaine a reconnu avoir conduit ce jour-là la voiture qui apportait dans une banque de la commune bruxelloise de Molenbeek un montant de quelque 68.000 euros en liquide, transporté par des complices installés à l'arrière du véhicule.
"Il était hors de question de violenter qui que ce soit". Lors de ce vol, il n'y a eu aucun couteau brandi, a aussi expliqué Mohamed Abdeslam. Contrairement à ce qu'avait retenu l'enquête au départ à partir d'images de vidéosurveillance montrant l'auteur du vol, masqué, faisant mine de s'emparer d'une arme. "C'était une pièce montée, un théâtre où chacun avait son rôle, et il était hors de question de violenter qui que ce soit", a soutenu le prévenu vedette. Les faits s'étaient produits le 23 janvier en pleine journée. À l'arrivée de la voiture devant la banque, un homme avait surgi pour s'emparer des sacoches d'espèces sans que personne n'oppose de résistance. L'argent n'a jamais été retrouvé.
Licencié par la commune de Molenbeek après les attentats. Les débats devant le tribunal ont mis en évidence que Mohamed Abdeslam, ayant pour seul revenu ses indemnités de chômeur, avait besoin d'argent pour un projet d'ouverture d'un bar à chicha à Bruxelles. Devant la presse, son avocat, Me Yannick De Vlaemynck, a évoqué une "mise en scène" due aux "rancœurs" de son client à l'égard de la commune de Molenbeek. "Il avait des problèmes financiers notamment dus à son licenciement injuste (de son emploi à la commune, ndlr) à la suite des attentats" de Paris, a-t-il expliqué.
Un "homme à abattre". Au début de l'enquête sur ces attaques, alors que son frère Salah était en cavale, Mohamed s'était beaucoup exprimé devant les médias, ce qui l'a conduit - selon ses propres termes - à être lui aussi "un homme à abattre". Or "on ne choisit pas sa famille, il n'a pas choisi ses frères. (...) Tout le monde les regarde comme des terroristes, lui n'est pas un terroriste", a plaidé Me De Vlaemynck. Dans le vol du 23 janvier, Mohamed Abdeslam a reconnu sa participation et mis en cause ses deux coprévenus, dont l'un est présenté comme l'auteur des faits. À l'issue du procès, qui continue les 19 et 20 septembre, le jugement devrait être mis en délibéré.
L'accusé risque jusqu'à 15 ans de prison. Outre Salah, qui fait figure de suspect clé de ces attaques, un autre frère de Mohamed Abdeslam, Brahim, est mort en kamikaze le 13 novembre 2015 à Paris.