L’Azerbaïdjan a abattu par erreur lundi un hélicoptère militaire russe au-dessus de l'Arménie, un incident susceptible d'entraîner un peu plus Moscou dans le conflit opposant les deux pays au Nagorny Karabakh. L'hélicoptère Mi-24 a été abattu, tuant deux membres d'équipage et en blessant un troisième, alors qu'il survolait une zone proche du territoire azerbaïdjanais. La diplomatie azerbaïdjanaise a admis que les forces armées, craignant des "provocations de la partie arménienne" en plein conflit au Nagorny Karabakh, ont ouvert le feu. Elle a aussi évoqué une mauvaise visibilité pour expliquer "l'accident" qui a eu lieu à la frontière entre Arménie et Azerbaïdjan, mais loin de la zone des affrontements.
"La partie azerbaïdjanaise présente ses excuses à la partie russe à la suite de cet incident tragique qui relève de l'accident", a-t-elle indiqué dans un communiqué. La Russie, allié militaire de l'Arménie qui a aussi de bonnes relations avec l'Azerbaïdjan, a mis en garde à de nombreuses reprises que le conflit du Nagorny Karabakh puisse déborder de ses frontières. Moscou n'a cessé d'insister sur la nécessité d'une trêve, comme la quasi-totalité de la communauté internationale. Mais trois cessez-le-feu ont échoué à voir le jour depuis le 27 septembre et le début des combats meurtriers opposant les forces séparatistes arméniens et Bakou.
La Russie liée à l'Arménie par un traité militaire
L'Azerbaïdjan veut reprendre ce territoire de facto indépendant depuis une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30.000 morts. La Russie a laissé entendre qu'elle interviendrait dans le conflit si celui-ci sortait des limites de la région, dans le cadre du traité militaire la liant à l'Arménie. La Turquie, l'autre puissance régionale, soutient elle l'offensive de l'Azerbaïdjan et a été accusée d'envoyer des mercenaires pro-turcs de Syrie se battre en soutien à Bakou.
Dans un communiqué publié en soirée, le ministère arménien des Affaires étrangères a exprimé ses condoléances à la Russie, soulignant que l'incident avait eu lieu loin du Karabakh, dans une zone épargnée par les affrontements. Erevan a "condamné fermement cette intrusion des forces azéries contre l'armée russe en territoire arménien", se disant convaincu qu'une telle "agression" recevrait une "réponse adéquate" de la part de Moscou.
L'incident de l'hélicoptère russe intervient aussi à un moment clé du conflit, l'Arménie disant que les séparatistes combattaient pour le contrôle de la ville de Choucha, cité séparatiste stratégique menacée par l'avancée azerbaïdjanaise. "Les combats pour Chouchi (nom arménien de Choucha, ndlr) continuent", a écrit sur sa page Facebook, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian. Son ministère de la défense a qualifié les affrontements de "féroces".
Un peu plus tôt un responsable de la présidence séparatiste avait reconnu "une série d'échecs" et indiqué que la ville était tombée, au lendemain d'une annonce en ce sens de l'Azerbaïdjan. La prise de Choucha si elle se confirmait constituerait un tournant car elle est située à seulement quinze kilomètres de Stepanakert, capitale indépendantiste, et sur la principale route reliant la république autoproclamée à l'Arménie, son soutien politique, économique et militaire.