Une ministre pakistanaise a qualifié mercredi soir l'ambassadeur américain à Kaboul de "petit pygmée" dans une querelle diplomatique sur Twitter au sujet des pourparlers de paix en Afghanistan entre Washington et les talibans. Les tensions ont démarré après des propos du Premier ministre pakistanais Imran Khan rapportés par la presse locale, selon lesquels il aurait suggéré la nomination d'un gouvernement intérimaire en Afghanistan pour permettre une sortie du conflit, les talibans refusant de discuter avec l'exécutif actuel.
Ces propos ont provoqué la fureur de Kaboul, qui accuse de longue date les services de renseignement pakistanais de soutenir et d'entraîner les talibans. L'ambassadeur afghan à Islamabad a été rappelé mardi. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères afghan a critiqué les "remarques irresponsables" du chef du gouvernement pakistanais, qui "ne respecte pas la souveraineté afghane". Mercredi, le ministre des Affaires étrangères pakistanais a tenté de calmer le jeu, expliquant que les propos d'Imran Khan avaient été pris "hors contexte [...] menant à une réaction injustifiée".
Un échange de noms d'oiseaux
L'ambassadeur américain en Afghanistan, John Bass, a moqué Imran Khan en faisant référence à son passé d'ancien capitaine de l'équipe de cricket et à une pratique de triche dans ce sport consistant à gratter la balle pour modifier sa trajectoire. "Certains aspects du #cricket s'appliquent bien à la diplomatie, d'autres non. @ImranKhanPTI, il est important de résister à la tentation de saboter la balle avec le processus de paix et les affaires internes de l'#Afghanistan", a-t-il tweeté, entraînant une réponse courroucée d'une ministre pakistanaise.
"Clairement petit pygmée, ta connaissance du sabotage de la balle est aussi nulle que ta connaissance de l'Afghanistan et de la région", a tweeté Shireen Mazari, en charge des Droits de l'Homme à Islamabad. Accusée de violer les codes diplomatiques, elle a renchéri : "Mais sérieusement, de quelles normes diplomatiques parle-t-on ? Les diplos américains les ont violées toute la journée", ajoute-t-elle, mentionnant Zalmay Khalilzad, l'émissaire américain pour la paix en Afghanistan, et John Bass, qualifié au passage de "crétin".
Clearly you little pygmy your knowledge of ball tampering is as void as your understanding of Afghanistan and the region! Clearly in your case ignorance is certainly not bliss! Another sign of Trumpian mischief a la Khalilzad style! https://t.co/ZOySvWJNDq
— Shireen Mazari (@ShireenMazari1) 27 mars 2019
La peur d'une guerre civile en Afghanistan
Les talibans ont toujours refusé de négocier avec les autorités de Kaboul, qu'elles accusent d'être des "marionnettes" de Washington. Alors que les Etats-Unis affirment négocier avec les insurgés sur un processus de paix "inter-afghan", qui inclurait le gouvernement de Kaboul, celui-ci a à plusieurs reprises exprimé sa frustration d'être tenu à l'écart des discussions.
De nombreux Afghans craignent qu'un retrait précipité des troupes américaines n'ouvre la voie à un retour des talibans au pouvoir, voire à une nouvelle guerre civile.