L'opposant vénézuélien Juan Guaido a appelé ses partisans à poursuivre les manifestations mercredi, au lendemain de violents heurts à Caracas dénoncés par le président Nicolas Maduro comme une "escarmouche putchiste" ayant échoué. "J'appelle les Forces armées à continuer d'avancer dans l''opération liberté'. Demain, 1er mai, nous continuerons (...). Dans tout le Venezuela, nous serons dans la rue", a lancé dans un message vidéo sur les réseaux sociaux Juan Guaido.
Une "escarmouche putchiste", selon Nicolas Maduro
Mardi, des manifestants se sont violemment opposés aux forces de l'ordre dans les rues de Caracas en soutien à un groupe de militaires qui avaient rallié Juan Guaido. Au moins 69 personnes ont été blessées, dont deux par balle. Dans une allocution télévisée prononcée dans la soirée, le président socialiste Nicolas Maduro a qualifié ces affrontements d'"escarmouche putchiste" et a promis des poursuites pénales contre les auteurs. Il a affirmé que son gouvernement contrôlait la situation, le haut commandement militaire lui étant resté fidèle.
Tout en reconnaissant son échec à rallier la majorité des militaires, Juan Guaido a assuré que la journée de mardi avait mis en lumière des failles dans le soutien de l'armée à Nicolas Maduro. "Il est clair que ce qu'affirmait le régime, qui affirmait contrôler les Forces armées, est une farce", a-t-il lancé.
Maduro dément toute tentative de fuite vers Cuba
Nicolas Maduro a par ailleurs démenti des affirmations du secrétaire d'État américain Mike Pompeo, selon lesquelles il avait été sur le point mardi matin de fuir vers Cuba avant d'en être dissuadé par la Russie. "Monsieur Pompeo, je vous en prie, quel manque de sérieux", a raillé le président vénézuélien. Les États-Unis "se tiennent aux côtés du peuple vénézuélien", avait assuré peu avant le président américain Donald Trump.
Son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, a lui lancé un ultimatum aux dirigeants militaires vénézuéliens. "Votre heure a sonné. C'est votre dernière chance", a-t-il tweeté à l'adresse du ministre de la Défense Vladimir Padrino, du chef de la garde présidentielle Ivan Hernandez et du président de la Cour suprême Maikel Moreno.
De violents affrontements alors que des soldats ont fait défection
Mardi matin, aux abords de la base militaire de La Carlota, de violents affrontements avaient éclaté entre les forces de l'ordre loyalistes et des milliers de manifestants pro-Guaido. Un véhicule blindé a foncé sur un groupe de manifestants de l'opposition, laissant plusieurs personnes au sol, selon les images de la télévision locale.
Des soldats arborant un ruban bleu, signe de ralliement à Juan Guaido, étaient positionnés, armes à la main, dans l'est de la capitale. Des manifestations ont également eu lieu à Maracaibo, San Cristobal, Barquisimeto (ouest) et Valencia (nord), selon des témoignages d'habitants. À l'aube, dans une vidéo tournée depuis la base militaire de La Carlota, Guaido avait annoncé sur les réseaux sociaux avoir le soutien d'un groupe de "soldats courageux". Il était entouré d'un petit groupe d'hommes en uniforme.
Un pays en grave crise
Depuis le 23 janvier, le Venezuela, confronté à la plus grave crise de son histoire avec une économie au ralenti, une monnaie naufragée et des pénuries, compte de fait deux "présidents". D'un côté, le député de centre droit Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays dont les États-Unis, et de l'autre le chef de l'Etat en exercice, Nicolas Maduro, soutenu par la Chine et la Russie. Nicolas Maduro a été réélu en juillet 2017 au cours d'un scrutin qui n'a été reconnu ni par l'Union européenne, ni par les États-Unis.