Les États-Unis ont imposé lundi des sanctions juridiques et financières sans précédent contre le président vénézuélien Nicolas Maduro qu'ils ont qualifié de "dictateur" en réponse à l'élection dans le sang dimanche d'une Assemblée constituante.
Un "dictateur qui méprise la volonté du peuple". "Les élections illégitimes d'hier confirment que Maduro est un dictateur qui méprise la volonté du peuple vénézuélien", a tonné le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin cité dans un communiqué de son ministère annonçant un "gel" des "tous les avoirs" que possèderait le président du Venezuela aux États-Unis. "En prenant des sanctions contre Maduro, les États-Unis affirment clairement (leur) opposition aux politiques conduites par son régime et (leur) soutien au peuple vénézuélien qui cherche le retour pour son pays d'une démocratie pleine, entière et prospère", a ajouté le ministre américain.
Des mesures rarissimes contre un chef d'État en exercice. C'est la première fois que l'administration américaine traite aussi directement le chef de l'État vénézuélien de "dictateur". Le président Donald Trump avait estimé il y a quelques semaines que Nicolas Maduro "rêvait d'être un dictateur" et la diplomatie américaine avait dénoncé dimanche un "pas vers la dictature" et "les architectes de l'autoritarisme" du régime de Caracas. Il est également extrêmement rare que le gouvernement américain - Trésor et département d'Etat - prenne des sanctions contre un chef d'État en exercice.
Une "corruption érigée en système". Outre des sanctions visant le dirigeant socialiste vénézuélien - gel des avoirs et interdiction à tout ressortissant américain de commercer avec lui - "quiconque participerait à cette Assemblée constituante illégitime s'exposerait à d'autres sanctions américaines pour saper les processus et institutions démocratiques au Venezuela", a mis en garde Steve Mnuchin. Le Trésor américain a également fustigé le régime Maduro pour ses "atteintes de grande ampleur aux droits de l'homme (...) une mauvaise gestion de l'économie et (...) une corruption érigée en système".
Un pays divisé après un dimanche de violences. Le Venezuela était lundi plus divisé que jamais, au lendemain de l'élection dans le sang d'une toute puissante Assemblée constituante à la main du président Maduro, l'opposition majoritaire au Parlement assurant qu'elle continuerait à siéger. Les États-Unis ont pris depuis longtemps fait et cause pour l'opposition vénézuélienne et ont imposé la semaine dernière des sanctions contre 13 anciens et actuels responsables gouvernementaux. Le département d'Etat avait également ordonné jeudi aux familles de ses diplomates de quitter le pays.
Washington et Caracas, qui n'ont plus d'ambassadeurs respectifs depuis 2010 mais dont les relations s'étaient quelque peu améliorées à la fin du mandat de Barack Obama, conservent des liens économiques et commerciaux étroits, avant tout dans l'industrie pétrolière.