Sanctions sur le pétrole, appels à la désertion de l'armée : le président vénézuélien Nicolas Maduro voit l'étau se resserrer alors que l'opposition, menée par Juan Guaido, se prépare à manifester mercredi.
Un débat au Parlement sur des élections. Déterminé à provoquer son départ, le Parlement, dirigé par Juan Guaido, 35 ans, qui lui dispute la place à la tête de l'Etat, se réunit mardi. Au menu de la session : l'examen d'une loi sur "la transition à la démocratie", l'étude du "plan de sauvetage du pays" et un "débat sur les élections libres et transparentes" que réclame l'opposition.
35 morts. "Le sang qui peut couler au Venezuela sera sur vos mains, Donald Trump", a lancé lundi soir Nicolas Maduro, furieux après l'annonce de nouvelle sanctions de Washington. Les manifestations d'opposants ont déjà fait au moins 35 morts, selon plusieurs ONG, et le pape François a dit redouter un "bain de sang".
Bataille diplomatique. Tous les regards sont tournés vers ce pays qui est l'un des plus violents au monde, mais en plein naufrage économique et au cœur d'une bataille diplomatique internationale. Nicolas Maduro reste soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba. Mais de plus en plus de voix se rallient à Juan Guaido, notamment en Europe où six pays (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné jusqu'à dimanche au président socialiste pour organiser des élections, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire.
Washington sanctionne le géant pétrolier PDVSA. Les Etats-Unis ont déjà franchi ce pas et considèrent Juan Guaido comme président par intérim. Lundi, ils ont encore fait monter la pression sur Caracas, en visant cette fois la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA, accusée d'être "un véhicule de corruption". Selon le Trésor américain, ces sanctions qui interdisent à PDVSA de faire du commerce avec des entités américaines et gèlent ses avoirs à l'étranger ont pour objectif d'empêcher "le détournement de davantage de ressources" par Nicolas Maduro. Juan Guaido a, lui, annoncé qu'il prenait le contrôle des actifs du Venezuela à l'étranger, pour éviter que le chef de l'Etat ne les dilapide au cas où il quitterait la présidence. Il a ajouté avoir commencé "le processus de nomination des comités de direction de PDVSA et Citgo", filiale de raffineries aux Etats-Unis.
Le pétrole, c'est justement le joyau de la couronne au Venezuela, qui dispose des plus importantes réserves de brut au monde, même si sa production a fondu ces dernières années par manque d'entretien des installations. "Ils veulent nous voler l'entreprise Citgo, à nous les Vénézuéliens", a dénoncé Nicolas Maduro, annonçant engager des poursuites contre les Etats-Unis.
L'armée, le deuxième angle d'attaque. Le deuxième angle d'attaque de l'opposition et de Washington est l'armée, l'autre pilier qui maintient au pouvoir le chef de l'Etat depuis 2013. John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, a exhorté l'armée et les forces de sécurité à accepter la transition "pacifique, démocratique et constitutionnelle" du pouvoir. Dans ce même sens, Juan Guaido a offert l'amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir.
Premières dissensions. Des dissensions commencent justement à apparaître : attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a fait défection samedi. Fort de son soutien à l'international, Juan Guaido appelle à manifester mercredi, "pour exiger des forces armées qu'elles se mettent du côté du peuple", puis samedi, "pour accompagner le soutien de l'Union européenne et l'ultimatum". Jusqu'à présent, Nicolas Maduro se montre inflexible et rejette l'ultimatum des Européens.