L'ex-procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, une adversaire des plus coriaces du président socialiste Nicolas Maduro, s'est réfugiée vendredi en Colombie, quelques heures après la confiscation des pouvoirs du Parlement par l'Assemblée constituante qui l'avait démise début août.
Réfugiés en Colombie. Après avoir transité par l'île caribéenne d'Aruba, "Madame Ortega est arrivée accompagnée de son mari le député German Ferrer", selon un communiqué des services d'immigration colombiens. L'ex-procureure générale "est arrivée à bord d'un vol privé à l'aéroport de Bogota et a rempli ses formalités migratoires correspondantes auprès des autorités colombiennes (...) dans l'après-midi (...) en provenance d'Aruba", selon le communiqué.
Chaviste (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) devenue dissidente, Luisa Ortega avait été démise de ses fonctions le 5 août par la toute nouvelle Assemblée constituante acquise au chef de l'Etat vénézuélien. Elle était aussi interdite de sortie du territoire vénézuélien et avait vu ses comptes bancaires gelés.
Une accusation de corruption pour Maduro. Dans un enregistrement audio diffusé vendredi à Puebla (Mexique) lors d'un sommet de procureurs, elle a accusé le président Maduro d'être impliqué dans le vaste scandale de corruption autour du constructeur brésilien Odebrecht, affirmant détenir des preuves.
Une nouvelle confiscation des pouvoirs. L'annonce de l'arrivée du couple en Colombie a été faite peu après que le Parlement vénézuélien, seule institution contrôlée par l'opposition, ait été privé de la majorité de ses pouvoirs par la Constituante, qui poursuit ainsi la reprise en main du pays amorcée par Nicolas Maduro.
L'Assemblée constituante élue dans le sang fin juillet a annoncé "assumer le pouvoir de légiférer sur les sujets visant directement à garantir la préservation de la paix, la sécurité, la souveraineté, le système socio-économique et financier, les biens de l'Etat et la primauté des droits des Vénézuéliens".
Le décret rappelle que "tous les organes du pouvoir public sont subordonnés à l'Assemblée nationale constituante". Le Parlement a immédiatement contesté cette décision, affirmant que la Constituante "est nulle et ses actes illégaux et anticonstitutionnels".