Au Venezuela, pays pétrolier qui fut le plus riche d'Amérique latine, deux hommes se disputent actuellement le pouvoir : Nicolas Maduro, qui n'est pas reconnu par une partie de la communauté internationale, et l'opposant Juan Guaido, soutenu par les États-Unis, la plupart des États latino-américains et certains pays européens. Samedi, c'est donc dans un contexte particulièrement tendu que deux camps doivent défiler à partir de 10 heures locales (15 heures en France) en deux lieux distincts de Caracas, à l'occasion du très symbolique 20ème anniversaire de la révolution bolivarienne du défunt Hugo Chavez, prédécesseur de Maduro.
La manifestation de l'opposition vénézuélienne devant la représentation de l'Union européenne (UE) au Venezuela veut envoyer "un message" pour remercier "tous ces pays qui, très bientôt, vont nous reconnaître", a déclaré Juan Guaido, 35 ans, qui préside le Parlement, seule institution contrôlée par les adversaires de Nicolas Maduro. Ceux-ci jugent le second mandat de Nicolas Maduro, entamé le 10 janvier, illégitime car issu d'élections frauduleuses et exige son départ.
Une date symbolique. Le choix de défiler à nouveau samedi n'est pas anodin : c'est le jour anniversaire des 20 ans de la "révolution bolivarienne", du nom du héros de l'indépendance Simon Bolivar. Cet anniversaire marque l'investiture, le 2 février 1999, du président socialiste Hugo Chavez (1999-2013), aujourd'hui décédé et dont se réclame Nicolas Maduro. Soutenu par la Russie, la Chine, la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba, Nicolas Maduro, 56 ans, rejette l'ultimatum européen et accuse les États-Unis d'orchestrer un coup d'État.
La tension grimpe à chaque appel à manifester au Venezuela. Une quarantaine de personnes ont été tuées et plus de 850 arrêtées selon l'ONU depuis le début des mobilisations le 21 janvier. En 2014 et 2017, deux vagues de protestations avaient fait quelque 200 morts.
Pour cette manifestation contre Maduro, les organisateurs ont désigné cinq points dans la ville de Caracas dont les cortèges rejoindront une grande place où s'exprimera Juan Guaido à la mi-journée. "J'irai. J'essaie de participer à chaque rassemblement. Tant que ma santé me le permettra, j'irai manifester", assure Martina au micro d'Europe 1. "J'y vais aussi et je pense même que ce sera la plus grande qu'on ait connu", avance José.
"Le régime n'aime pas le peuple". Et même si la communauté internationale a actuellement les yeux braqués sur le Venezuela, la députée Olivia Lozano redoute que, comme lors des manifestations précédentes, il y ait des morts et des blessés. "C'est possible car le régime n'aime pas le peuple. Il ne le respecte pas, ça ne l'intéresse pas. Sa seule réponse, c'est la violence." Sa collègue Adriana Pichardo veut elle croire à une prise de conscience des policiers et des militaires.
"On a des informations selon lesquelles certains policiers ne respectent plus les ordres de Maduro ou les ignorent. Ils comprennent que ce que nous faisons est un processus légal et c'est là le seul but de Juan Guaido."
Le pays a sombré économiquement. Le Venezuela, pays aux énormes ressources pétrolières, a sombré économiquement et ses habitants souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, ainsi que d'une inflation galopante (10.000.000% en 2019 selon le FMI), ce qui a contribué à faire chuter la popularité du dirigeant socialiste. Depuis 2015, quelque 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays.