La compagnie pétrolière d'État vénézuélienne PDVSA a subi un nouveau coup dur qui pourrait aggraver la situation de Caracas dans la crise de la dette, en dépit du soutien reçu de la Russie.
Un défaut de paiement pour PDVSA. Le comité spécial de l'Association internationale des Produits dérivés (ISDA), qui tenait sa quatrième réunion sur ce sujet à New York, a annoncé jeudi avoir entériné un défaut de paiement sur trois échéances manquées par le groupe pétrolier.
Cette décision revient à ouvrir une complexe procédure qui va permettre aux détenteurs des produits dérivés (Credit Default Swaps - CDS qui les assurent contre une défaillance de PDVSA) d'être remboursés. Les modalités de cette procédure seront précisées lors d'une nouvelle réunion qui se tiendra à New York lundi. Cette décision est un avertissement de plus, après ceux de deux grandes agences de notation financière, S&P Global Ratings et Fitch, qui ont déjà constaté un défaut partiel de l'État vénézuélien et de PDVSA.
Une renégociation de la dette indispensable. Mis en difficulté par la chute des cours du pétrole qui le prive de liquidités, le gouvernement du président Nicolas Maduro, qui affronte une grave crise politique, n'a désormais pas d'autre choix que de renégocier une dette extérieure estimée à environ 150 milliards de dollars (127 milliards d'euros) par certains experts, alors que sa population souffre déjà de graves pénuries d'aliments et de médicaments, faute d'argent pour les importer.
Un coup de pouce (vain) de la Russie. Dans cette perspective de restructuration, le Venezuela a obtenu mercredi un coup de pouce de la part de la Russie, son deuxième plus important créancier après la Chine. Une délégation du gouvernement a en effet signé à Moscou un accord rééchelonnant un crédit russe de 3,15 milliards de dollars (2,66 milliards d'euros) accordé en 2011 accordé pour l'achat d'armements.
Selon Joydeep Mukherji, l'analyste en chef de l'agence de notation Standard and Poor's (S&P) chargé des pays latino-américains, l'initiative russe ne suffit pas à lever les doutes sur d'autres paiements attendus du Venezuela, notamment sur quatre emprunts pour lesquels les échéances de remboursement ont déjà été dépassées.
Des sanctions américaines qui bloquent les négociations. Les analystes dans leur ensemble sont pessimistes sur les chances de renégociation avec les créanciers - dont 70% sont nord-américains (États-Unis et Canada), selon Caracas. D'autant que le gouvernement américain, qui qualifie le gouvernement vénézuélien de dictature, interdit à ses citoyens et banques d'accepter tout accord des autorités vénézuéliennes. Ces sanctions empêchent un déroulement normal des négociations sur une restructuration de la dette vénézuélienne, en empêchant les ressortissants américains et les institutions financières implantées aux États-Unis d'acheter d'éventuelles nouvelles obligations émises par Caracas.