Le Royaume-Uni va proposer au Conseil de sécurité de l'ONU de réclamer un cessez-le-feu immédiat après le carnage perpétré dans la capitale Sanaa lors d'une cérémonie funéraire, a annoncé vendredi l'ambassadeur britannique auprès des Nations unies. "Nous avons décidé de présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité sur le Yémen, appelant à la fin immédiate des hostilités et à une reprise du processus politique", a indiqué Matthew Rycroft à des journalistes.
Crime de guerre. Le texte devrait être présenté aux 15 membres du Conseil vendredi avant d'être soumis au vote dans les prochains jours. Selon l'ONU, plus de 140 personnes ont été tuées et au moins 525 blessées samedi dernier dans des frappes aériennes, attribuées par les rebelles chiites Houthis qui contrôlent Sanaa à la coalition arabe opérant depuis plus de 18 mois au Yémen en soutien au gouvernement internationalement reconnu. Human Rights Watch (HRW) a qualifié ces frappes d'"apparent crime de guerre".
L'opposition russe. L'initiative britannique au Conseil de sécurité suit le blocage par la Russie, qui dénonce cette coalition conduite par l'Arabie saoudite, d'une déclaration condamnant l'attaque de samedi et appelant à un retour du cessez-le-feu. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine avait estimé que ce texte, déjà proposé par le Royaume-Uni, était "extrêmement faible et général", jugeant qu'une nouvelle approche diplomatique était nécessaire sur le Yémen. La coalition est régulièrement accusée de "bavures" au Yémen. Cette situation met dans l'embarras les Etats-Unis, qui fournissent renseignements, munitions et aide logistique à Ryad.
6.800 morts. Les Etats-Unis ont bombardé pour la première fois les rebelles chiites Houthis au Yémen mercredi soir (heure américaine), accusés d'avoir visé des navires de guerre américains en mer Rouge, une allégation démentie jeudi par les insurgés. Washington a frappé pour "protéger" ses navires et ne cherche pas à s'impliquer plus dans la guerre civile qui déchire le pays, a affirmé jeudi le Pentagone. Le conflit a fait plus 6.800 morts, dont près des deux-tiers des civils, depuis l'intervention de la coalition au Yémen, selon l'ONU.