Jusqu'ici tout va bien sur France 2, Le Before sur Canal+, le nouveau Sans aucun doute sur TMC : ces trois programmes lancés lundi ont rejoint la longue liste des talk-shows, ces émissions où l'on parle de l'actualité, avec des invités et des chroniqueurs, de préférence dans la bonne humeur. Un créneau déjà occupé par Le Grand Journal d'Antoine de Caunes (Canal+), C à vous avec Anne-Sophie Lapix (France 5) et Touche pas à mon poste de Cyril Hanouna (D8). Et ce n'est pas fini : Est-ce que ça marche ?, la quotidienne de Camille Combal et Ariane Massenet, débarque sur D8 le 30 septembre.
Un paradoxe au regard de leur coût. Les chaînes semblent multiplier les émissions de ce type dans la tranche 18h-20h (access), même si ce sont rarement les plus rentables. En effet, produire un talk-show coûte généralement plus cher qu'un jeu ou une série. Il faut disposer chaque jour d'un plateau, alors que plusieurs numéros d'un jeu peuvent être enregistrés la même journée. Un talk-show est également gourmand en personnel puisqu'il faut payer des chroniqueurs et une rédaction, en plus des équipes techniques. Au final, la facture peut s'avérer salée. La saison dernière, selon le magazine Capital, chaque numéro du Grand Journal coûtait 120.000 euros à Canal+. Par comparaison, le coût d'une émission de Questions sur un champion, sur France 3, n'était que de 30.000 euros, pour une audience supérieure !
>>> Alors pourquoi les chaînes misent-elles malgré tout sur les talk-shows ? Europe1.fr vous l'explique :
• Incarner la chaîne. "Le talk-show donne un ancrage dans l'actualité, ce que ne permet pas un programme de stock, comme une série ou un jeu", explique Estelle Boutière, consultante au cabinet NPA Conseil, jointe par Europe1.fr. "Cela fait vivre l'image de la chaîne". D'autant qu'une séquence forte peut facilement créer le buzz sur Internet : utile pour faire parler de soi. "Chaque chaîne veut son talk-show, c’est dans l’air du temps et il se passe toujours quelque chose", renchérit Romain Ambro, coordinateur éditorial du Grand Direct des médias sur Europe 1. "On n’est pas à l’abri d’un accrochage, un coup de gueule, un clash, un fou rire, pour peu que les invités en plateau soient de bons clients !"
• Fidéliser le téléspectateur. Avec des présentateurs et chroniqueurs qui se veulent proches du public, l'objectif des talk-shows est que le téléspectateur s'identifie aux personnes qui lui parlent. Au final, il s'agit de fidéliser un public. "S'il marche bien, un talk-show est intéressant pour les annonceurs", assure Estelle Boutière. "Il peut aussi être une stratégie pour élargir l'audience, par exemple vers un public plus féminin." L'enjeu financier est crucial sur la tranche de l'avant-soirée : celle-ci représente 22% des recettes publicitaires quotidiennes de Canal+, selon Kantar Media. Un taux qui monte à 29% pour France 2 et 55% pour France 3.
• S'adapter à un public peu attentif. La tranche 18h-20h est celle où l'on rentre de l'école ou du travail. Occupés à leurs tâches domestiques, les téléspectateurs ne sont pas très attentifs. C'est là que le talk-show présente un autre avantage : celui de pouvoir être pris en cours de route, puisque l'on passe rapidement d'un sujet à l'autre. L'objectif est d'inciter un maximum de téléspectateurs à rester sur la même chaîne à 20h, puis pour le programme de prime time.
Pas d'engouement du public. Si l'on parle beaucoup des talk-shows, ce ne sont pas pour autant les programmes les plus regardés en avant-soirée. "Les médias se focalisent sur cette concurrence des émissions de bande, mais la réalité des audiences est toute autre", affirme Romain Ambro. "Les téléspectateurs sont fidèles aux rendez-vous populaires et proches de leur quotidien." Ainsi, sur la tranche 19h-20h, deux programmes cartonnent : le jeu Le Juste Prix sur TF1 (3,7 millions de téléspectateurs la semaine dernière, soit 21% du public) et les informations du 19/20 sur France 3 (3,3 millions, 17%). Et distancent largement Le Grand Journal, Touche pas à mon poste et autres C à vous.