Le reportage était intitulé "Lieux publics : Quand les femmes sont indésirables". Diffusé le 7 décembre 2016 dans le JT de France 2, il avait suscité de vives polémiques en affirmant que les femmes étaient interdites d'entrée dans un bar de Sevran, en Seine-Saint-Denis. "Aller dans un bar ici, c'est braver un interdit", commente la voix off alors que deux militantes de la "brigade des mères" filment en caméra-cachée leur entrée dans le bar-PMU "Le Jockey Club", rappelle Les Inrocks.
"Il n'y a que des mecs dans ce café", "dans ce café il n'y a pas de mixité" peuvent-elle alors entendre. "Pourquoi les hommes rejettent-ils les femmes ? Un problème de tradition, de culture, mais aussi de religion", commente la voix off.
>> Regardez le reportage de France 2 diffusé il y a plus d'an :
Le lendemain, des habitants de Sevran montent le ton pour affirmer que le bar n'est pas interdit aux femmes. Le 13 décembre 2016, Stéphane Gatignon, maire (écolo) de la ville de Seine-Saint-Denis, publie une lettre ouverte sur RMC. Un habitant avait également réagi sur le Bondy Blog. Selon le Bondy Blog, le propriétaire du bar avait d'ailleurs porté plainte contre France Télévisions pour diffamation et provocation à la haine raciale en juin 2017.
"Un problème s'est manifestement posé avec ce reportage". Lors d'une audition devant la commission "image des quartiers" au Ministère de la Cohésion des Territoires, Hervé Brusini, directeur en charge du numérique et de la diversité à France Télévisions, a reconnu un "bug". Il a également évoqué une "erreur". Au Bondy Blog, Hervé Brusini a confirmé qu"un problème s'était "manifestement posé avec ce reportage". "Comment analyser ce bug ? Ça je ne sais pas. Je ne suis pas mandaté pour en parler", a-t-il poursuivi.
La journaliste "ne fait en aucun cas amende honorable". En mars 2017, la direction de la chaîne avait indiqué que les "règles déontologiques journalistiques [avaient] été respectées pour ce reportage". Saisi par les téléspectateurs et un sénateur, le CSA avait déclaré n'avoir "pas relevé de manquement de la chaîne". Le directeur délégué de l'information de France Télévisions, Pascal Doucet-Bon, a exprimé son soutien à ses équipes dans un mail envoyé à ses équipes en interne. "Le travail effectué par la rédaction a été pleinement assumé à l'époque, et l'est toujours. Nous rappelons que le CSA n'a relevé aucun manquement de la chaîne dans cette affaire". Il précise par ailleurs que la journaliste - voix off du reportage "'ne fait en aucun cas amende honorable' comme certains ont pu l'écrire".