C'est une interview qui avait mis les professeurs dans la rue. Publiée la veille au soir de la rentrée scolaire du 3 janvier, l'interview de Jean-Michel Blanquer au Parisien, où il annonçait un nouveau protocole sanitaire face au variant Omicron, avait créé des remous dans l'Education nationale et au sein du gouvernement. Le site d'investigation Mediapart a révélé lundi soir que cette interview avait eu lieu à distance, le ministre étant alors en vacances à Ibiza. Michel Salvator, le directeur des rédactions du "Parisien" explique en exclusivité à Philippe Vandel dans Culture Médias pourquoi le journal ne l'a pas dit.
"On ne savait pas où il était"
"Nous avons discuté des conditions de cette interview avec le cabinet de Jean-Michel Blanquer les 30 et 31 décembre, donc à quelques heures du réveillon. Et le cabinet nous a demandé si nous pouvions faire l'interview à distance. J'ai donné mon accord", retrace Michel Salvator. "On ne savait pas du tout où il était. Ce n'est pas l'usage de faire des enquêtes de police sur l'endroit où se trouvent les interlocuteurs que l'on interroge. Nous ne sommes pas dans un système policier où il faudrait exiger de nos interlocuteurs qu'ils nous disent exactement où ils sont, avec qui et dans quelle tenue."
La photo qui illustrait l'interview, signée par les journalistes Thomas Poupeau et Pierre Maurer, avait été prise le 12 novembre dernier, dans le cadre d'une précédente interview avec Jean-Michel Blanquer. Jean-Michel Salvator explique à Europe 1 pourquoi la rédaction n'a pas précisé que cette photo était datée. "Cela n'est pas l'usage, donc on ne le fait pas. Je n'ai pas l'impression d'avoir trompé le lecteur en publiant cette photo qui avait deux mois", justifie-t-il.
"Certains représentants de l'opposition surjouent l'indignation"
"Honnêtement, qu'est-ce que cela change qu'il ait fait cette interview depuis Ibiza, son bureau ou ailleurs ?", interroge à notre micro le directeur des rédactions du Parisien. "Je pense que le sujet n'est pas là. Nous sommes dans une campagne électorale, donc évidemment tout le monde fait de la politique. Certains représentants de l'opposition surjouent l'indignation, cela fait partie d'une campagne. Mais nous n'avons pas à être mêlé à cela."
De son côté, le cabinet du ministre a assuré que "ce n'est pas parce qu'il n’était pas là que Jean-Michel Blanquer n'était pas au travail".