Paris : six mois de prison avec sursis pour l'homme au maillot «anti juif» dans le métro
Photographié en octobre sur la ligne 13 du métro parisien vêtu d'un maillot de foot de l'équipe de Manchester floqué du message "anti juif" dans le dos, l'homme a été condamné ce jeudi par le tribunal correctionnel de Paris à six mois de prison avec sursis. Mehmet D. a également été condamné à une obligation de soins.
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi à six mois de prison avec sursis un homme poursuivi pour provocation à la haine raciale après avoir porté un maillot avec inscrit "anti juif" dans le métro parisien. "L'infraction est caractérisée. Vous aviez conscience des mots que vous inscriviez sur le maillot et de leur caractère négatif", a déclaré la présidente du tribunal.
Mehmet D. a également été condamné à une obligation de soins, à un stage de citoyenneté ainsi qu'à des dommages et intérêts pour les parties civiles. Le jeune homme de 28 ans avait été photographié le 21 octobre dernier sur la ligne 13 du métro parisien vêtu d'un maillot de foot de l'équipe de Manchester floqué du message "anti juif" dans le dos.
"La liberté d'expression n'est pas absolue, elle est encadrée"
"Le racisme, l'antisémitisme ne sont pas des opinions ! La liberté d'expression n'est pas absolue, elle est encadrée !", a lancé l'accusation lors de son réquisitoire. "Ce monsieur n'a pas pris au hasard ce T-shirt dans son placard. Il l'a commandé, il l'a porté intentionnellement dans la rue, dans le métro, dans un restaurant", s'est indigné le procureur, considérant que le prévenu "a un problème avec les juifs".
En garde à vue, Mehmet D. avait expliqué aux enquêteurs être en colère à cause de la situation au Moyen-Orient. A la barre, vêtu d'une doudoune noire et d'un pantalon gris, il a assuré avoir "un trouble bipolaire". "Des fois, je n'arrive pas à me contrôler", a-t-il expliqué. Les expertises psychiatriques réalisées n'ont toutefois relevé "aucune altération ni abolition du discernement" du suspect, a précisé le parquet, qui avait requis ces expertises.
887 actes antisémites recensés en France au premier semestre 2024
"Je voulais écrire anti Tsahal (l'armée israélienne, NDLR) mais il y avait trop de caractères, ça ne rentrait pas", a déclaré le prévenu, sous le regard courroucé de son avocat. "Ça a pu heurter des juifs je pense. Je regrette mon geste", a-t-il ajouté. "Quand on porte sur le dos le mot 'anti juif' dans un wagon, on doit avoir le souvenir de 1942 et de la déportations des juifs de France", a estimé Me Axel Metzker, avocat du Mouvement international contre le racisme et l'antisémitisme (Micra).
Début août, le ministère de l'Intérieur avait fait état de 887 actes antisémites recensés en France au premier semestre 2024, soit quasiment trois fois plus qu'au cours de la même période en 2023.