C’est la première polémique politique de l’année 2011. La controverse sur les 35 heures, que l'on croyait apaisée, a été relancée dimanche par le député socialiste de l'Essonne Manuel Valls. Invité du Grand Rendez Vous, le candidat aux primaires socialistes a attaqué en règle la mesure phare de Martine Aubry en 1997, affirmant que la gauche devra, si elle revient au pouvoir en 2012, "déverrouiller les 35 heures" pour permettre aux Français de "travailler davantage".
"Les 35 heures ont déjà été partiellement détricotées"
A la direction du PS, on est passé à l'offensive lundi matin. Le porte-parole du PS Benoît Hamon a fait part de sa surprise et ne s’est pas privé de tacler Manuel Valls. "Je n'avais pas compris que la logique (...) pour nos primaires ce soit de reprendre ce slogan du "travailler plus pour gagner plus" qui a échoué. Je trouve que c'est une mauvaise intuition politique et j'invite Manuel Valls à revenir dans le droit chemin", a t-il déclaré sur France Info.
Lundi soir, sur Europe 1, Benoît Hamon en a rajouté une couche, qualifiant les propos de Manuel Valls de "sarkozysme économique" adapté à la gauche. "Augmenter la durée légale du travail" n'a "aucun sens", a-t-il encore affirmé. Le PS compte d'ailleurs, selon son porte-parole, "remettre en cause le principe selon lequel une heure supplémentaire coûte moins cher qu’une heure de travail", dans l'éventualité où le parti accèderait au pouvoir en 2012.
Sur Europe 1, l'ancien ministre socialiste, Jack Lang, a réagi lundi aux propos de Manuel Valls jugeant que "les 35 heures ont déjà été partiellement détricotées". La loi a déjà été revisitée, "avec le consentement" de Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn a-t-il ajouté. Un bémol, cependant adressé à Manuel Valls. "On ne peut pas préparer le futur par des annonces partielles, qui risquent de rétrécir le débat. La gauche a besoin d’une vision d’ensemble" a nuancé l’ancien ministre de l’Education nationale.
Le porte-parole du PS Benoît Hamon ne s’est pas privé de tacler Manuel Valls. "Le sarkozysme économique est un échec. Je n'avais pas compris que la logique (...) pour nos primaires ce soit de reprendre ce slogan du "travailler plus pour gagner plus" qui a échoué. Je trouve que c'est une mauvaise intuition politique et j'invite Manuel Valls à revenir dans le droit chemin", a t-il déclaré sur France Info.
Copé salue le courage de Valls
A l’UMP, on se délecte de la polémique lancée par la gauche elle-même. Dès dimanche, le porte-parole de l’UMP Dominique Paillé profitait de la saillie de Manuel Valls pour "taper" sur le PS.
Non sans ironie, Jean-François Copé se félicite de l’évolution des jeunes quadras de Solférino : "Je constate que ce débat sur les 35h traverse toutes les sensibilités politiques dans notre pays, l’heure n’est plus au dogme intangible" estime le secrétaire général de l’UMP. "Le fait qu’à gauche, une nouvelle génération vise à lancer ce débat sans tabou est sain.
"Je note que Manuel Valls a le courage, parfois seul contre tous dans son propre camp, de rejoindre les thèses que je défends", a-t-il ajouté. Pour lui, aucun doute, la question du "travailler plus et travailler mieux" sera l’un des thèmes fondateurs de la prochaine campagne présidentielle.
NKM distille ses conseils
Interrogée sur I-télé, la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a, de son côté, souligné les divisions du PS sur ce sujet, sans toutefois vraiment prôner de nouvelle réforme. "Ce serait bien que le Parti socialiste bouge sur ces sujets qui ont été pour lui de très grand dogmatismes. (...) Peut-être qu'il faudrait que Martine Aubry parle avec Manuel Valls", a déclaré NKM. La première secrétaire du PS appréciera le conseil.
Depuis son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy, élu sur le slogan "travailler plus pour gagner plus" et pourfendeur déclaré des 35 heures, a permis aux employeurs d'allonger le temps de travail hebdomadaire par l’adoption de diverses mesures comme les exonérations fiscales sur les heures supplémentaires. Pourtant, malgré les demandes d'une partie de la droite, la position du pouvoir reste ambiguë puisque l'horaire de travail légal, au-delà duquel on fait des heures dites supplémentaires, reste toujours fixé à 35 heures hebdomadaires.