Mardi, le Premier ministre Manuel Valls a rappelé l'intention du gouvernement de procéder à l'évacuation des manifestants hostiles à la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique. Cinq jours plus tard, la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, tient un discours opposé dans une tribune publiée dans Le Journal du dimanche et alerte sur "le risque d'une évacuation par la force". "Imaginons seulement qu'il y ait mort d'homme, parmi les forces de l'ordre ou du côté des manifestants. Ce serait gravissime ! En répétant cela, je ne fais que défendre l'intérêt général. Et même si ce je ne suis pas entendue, au moins l'aurais-je dit."
"Sortir par le haut de cette situation". Le projet, dont les opposants mettent en doute la pertinence, a recueilli 55% de voix favorables lors d'une consultation locale organisée en juin dernier pour tenter de déminer une crise qui dure depuis plus de cinquante ans. "Les élus locaux ne veulent pas perdre la face, c'est compréhensible. Mais le résultat du référendum, positif pour eux, leur permet justement de prendre acte de cette caution tout en reconnaissant que devant le blocage sur le terrain, il vaut mieux arrêter les frais", considère Ségolène Royal. "Je suis prête à donner du temps pour des réunions de travail afin de sortir par le haut de cette situation, et j'appelle toutes les parties à faire un effort de bon sens", ajoute la ministre de l'Environnement, suggérant un "aménagement de l'aéroport actuel".
Dans l'ouvrage Un président ne devrait pas dire ça…, les deux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme rapportent plusieurs petites phrases de François Hollande sur le sujet, dont l'une prononcée en mars 2014 traduit bien l'embarras de l'exécutif sur le sujet : "Le plus probable, c’est que ce projet ne sera pas annulé, mais ne verra pas le jour !"
La réponse d'un proche de Valls...et de Nicolas Sarkozy. De son côté, un proche du Premier ministre, Manuel Valls, a fait savoir à Reuters que le non-respect du résultat du référendum était inconcevable. "Bien sûr, l'évacuation devra se faire avec sang-froid et méthode pour éviter les violences mais ne pas le faire, ça serait donc un affaiblissement de l'autorité et un affaiblissement de la démocratie", explique cette source. La position de Ségolène Royal "entre en contradiction totale avec deux de ses piliers idéologiques les plus importants : l'ordre juste et la démocratie décentralisée et participative."
"Ses deux concepts ont apporté beaucoup à la Gauche, on ne peut donc que s'étonner qu'ils soient remis en question, sur ce dossier très symbolique, justement par celle qui les a toujours défendus avec force", souligne encore cette source.
"C'est irresponsable de la part de Mme Royal", a pour sa part jugé Nicolas Sarkozy. "Il y a eu plusieurs dizaines de décisions de justice pour confirmer la nécessité de construire cet aéroport. Mieux, François Hollande a organisé un référendum. Un référendum qui a dit que la population, majoritairement, était pour la construction", a ainsi développé le candidat à la primaire de la droite et du centre. "Et elle vient, dit qu'on ne tient pas compte des décisions de justice, pas compte du référendum. Pour quelqu'un qui vantait la démocratie participative, un mensonge de plus!"