Le verdict est tombé comme un couperet, mardi : le tribunal de commerce de Rouen s'est prononcé pour la liquidation de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne. Les juges ont toutefois décidé d’accepter de nouvelles offres jusqu'au 5 novembre. Rien n’est donc encore totalement perdu, même si les syndicats sont pessimistes. "A part si quelqu'un arrive avec des centaines de millions sur la table, je vois mal avant le 5 novembre une possibilité", a ainsi déclaré Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale. La gauche du PS en a une : la nationalisation.
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Qui réclame la nationalisation?
Candidat au poste de premier secrétaire du PS face à Harlem Désir, l’élu socialiste Emmanuel Maurel estime dans un communiqué que "l'Etat ne doit pas laisser fermer la raffinerie Petroplus". Sa solution ? "Il convient (...) de procéder à la nationalisation de cette raffinerie qui ne doit pas coûter très cher au regard de sa fermeture annoncée". Un appel soutenu par Marie-Noëlle Lienemann, autre membre de l’aile gauche du PS. Pour la sénatrice socialiste de Paris, "il faut envisager la nationalisation immédiate, fut-elle transitoire, afin de sauvegarder l'emploi et l'outil, engager sa modernisation et structurer la filière". Le Parti communiste a embrayé le pas de la "gauche de la gauche" sur ce thème, sommant "l'Etat [d’] intervenir, y compris en reprenant la main sur l'outil industriel, en nationalisant avec de nouveaux droits d'intervention pour les salariés et les citoyens".
Quelle est la position des autres partis ?
Le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon demande lui aussi "au gouvernement d'intervenir pour que la reprise et le redémarrage de Petroplus se fasse", sans aller jusqu’à demander la nationalisation. Nicolas Bay, président du groupe FN au conseil régional de Haute-Normandie, n’avance pas de solutions concrètes, mais déplore "la passivité d'Arnaud Montebourg et du gouvernement qui ont profité de la campagne présidentielle pour multiplier les promesses et les récupérations avant d'abandonner la raffinerie et ses ouvriers".
Le gouvernement y croit encore
Dans un communiqué, Arnaud Montebourg a fait savoir que le gouvernement "poursuivra ses efforts visant à faire aboutir une solution de reprise" et "à apporter des solutions d'avenir aux salariés de ce site".
La nationalisation, un débat récurrent
Le 1er octobre dernier, la direction d'ArcelorMittal annonce la fermeture définitive des hauts fourneaux de Florange. Le trotskyste Olivier Besancenot demande alors au gouvernement la "mise sous contrôle public [du site], il faut le réquisitionner". Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault préconise de son côté une "maîtrise publique" de l'ensemble des activités sidérurgiques à Florange. "Le mot nationalisation n'est peut être pas satisfaisant", tempère le leader cégétiste sur France Info. Le délégué FO de l’usine, Walter Broccoli, demande lui aussi à l'Etat à "nationaliser la sidérurgie". Interrogé sur ces desiderata, Arnaud Montebourg avait été clair : une nationalisation n'est "pas à l'ordre du jour". Et de conclure : "A chaque fois qu’on a nationalisé, l'Etat n'a pas été un très bon gestionnaire"