L’UMP avait fait de l’Ile-de-France une région symbole. Nicolas Sarkozy avait dépêché quatre femmes de son gouvernement pour reconquérir un territoire à gauche depuis 1998. Mais Valérie Pécresse, la tête de liste, Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouanno et Rama Yade n’ont rien pu face au rouleau compresseur Jean-Paul Huchon. Le président sortant d’Ile-de-France, soutenu par les écologistes de Cécile Duflot, a été réélu pour un troisième mandat consécutif avec 56,69 % contre 43,31 % à son infortunée adversaire.
"Le rejet du Grand Paris"
"Si on regarde et qu'on remet en perspective le résultat par rapport à toute la France, on voit bien que ce n'est pas l'enjeu régional qui a prédominé dans cette élection, c'est l'expression de toute une série de problèmes de vie quotidienne des Franciliens, de préoccupations, de difficultés voire de souffrances", a déclaré Valérie Pécresse pour justifier sa défaite. Et d’oser : "C'est une campagne qui a été très enrichissante humainement". La campagne en Ile-de-France a pourtant été marquée par de basses polémiques et de violentes dissensions à droite.
De son côté, Jean-Paul Huchon s'est félicité de "l'alliance avec les Verts et les communistes" qui, selon lui, "a été un très grand déclencheur" de cette victoire "parce que nous l'avons fait dans la sincérité et sans abandonner notre identité". Le président de la région a également évoqué le projet du Grand Paris cher à Nicolas Sarkozy. "Je veux le dire, ici, solennellement. Notre victoire, c'est aussi le rejet du Grand Paris du président de la République", a-t-il déclaré. Une autre vision existe : concertée, respectueuse de l'équilibre entre les territoires, solidaire. C'est celle que nous portons."
Les Hauts-de-Seine à gauche !
Ultime vexation pour le chef de l’Etat, les Hauts-de-Seine, son fief politique, où il a construit sa carrière, ont voté majoritairement à gauche. La liste de Jean-Paul Huchon a remporté 51,06% des voix contre 48,94% à celle menée par Valérie Pécresse. L’alliance entre socialistes et écologistes l’emporte dans 7 des 8 départements d’Ile-de-France. Seules les Yvelines échappent à la vague rose, de très peu, avec 50,55% contre 49,45%.
Mais c’est surtout à Paris que la défaite de la droite a été la plus marquante, avec un score frôlant les 58% (57,95%) contre 42,05% pour l'UMP. "On n'avait jamais encore fait un tel score dans Paris, sauf aux municipales où on avait atteint 57,7%, quasiment le même chiffre. S'il y a six mois, on m'avait dit qu'on atteindrait ce chiffre, je ne l'aurais pas cru!", s'est félicitée Anne Hidalgo, depuis l'Hôtel de Ville. La gauche a même dépassé la droite dans deux de ses bastions traditionnels : le 5e, où elle obtient 58,01% face à 41,99% pour l'UMP, et le 1er, où elle coiffe au poteau la droite pour … deux voix !