Le juge des référés du tribunal de grande instance de Marseille a ordonné vendredi le retrait des affiches intitulées "Non à l'islamisme" de la campagne de Jean-Marie Le Pen. Conçues pour le Front National en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ces affiches ont été jugées constitutives "d'un trouble manifestement illicite" par le tribunal.
Ces affiches, diffusées par le mouvement jeunesse du FN, d'abord en région Provence-Alpes-Côte d'Azur puis visibles partout en France, représentent une femme intégralement voilée à côté d'une carte de France recouverte du drapeau algérien sur laquelle se dressent des minarets en forme de missiles, avec en titre "non à l'islamisme".
Des affiches jugées discriminatoires
Dans son ordonnance, la juge a estimé que "cette affiche est non seulement de nature à provoquer un sentiment de rejet et d'animosité à l'encontre d'un groupe de personnes dont sont visées les pratiques religieuses, les femmes et la nationalité mais, en outre, s'adresse essentiellement à la jeunesse de nature plus influençable".
Le tribunal a condamné le FN et Jean-Marie Le Pen "à faire procéder à son retrait de tous les supports sur lesquels elle a été placée, de quelque nature qu'ils soient, dans un délai de 24 heures, puis sous astreinte de 500 euros par jour de retard".
Le FN ne vise pas l’Islam
"Cette affiche n'attaque en aucun cas l'islam et les musulmans mais les islamistes", a rétorqué l'avocat du FN, Me Wallerand de Saint-Just, qui a revendiqué la liberté d'expression pour son client. Même son de cloche du côté David Rachline, coordinateur nationale du FNJ à l’origine de cette affiche. "Nous voulons alerter nos concitoyens" sur la multiplication des "revendications communautaires", a-t-il ajouté. A ses yeux, "la région est devenue une manne à subventions pour les associations cultuelles", ce qui justifie le choix d’une telle affiche pour les élections régionales.
Le parti fait appel
Le Front national (FN) a annoncé qu'il ferait appel. A la suite de cette décision, le parti "exprimé son indignation devant cette violation gravissime de la liberté d'opinion et de la liberté d'expression, en période électorale", dans un communiqué. Le FN "dénonce une décision prise sous la pression publique et menaçante du gouvernement algérien et du FLN, appuyés par Kouchner, ministre socialiste du gouvernement Sarkozy", est-il écrit. "Les patriotes sont bâillonnés sur ordre de l'étranger", accuse le parti en demandant "aux Françaises et aux Français de manifester dimanche dans les urnes leur révolte à ces méthodes dignes de l'ancienne Union Soviétique".